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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 07:29

 

Le Sahel, eldorado au goût amer

 

Paru dans Les Afriques – 5 avril 2012

 

Or jaune, or bleu, or noir… ce ne sont pas les ressources qui manquent dans la région sahélo-saharienne. Mais en dépit de ces richesses, la sécurité alimentaire de millions de Sahéliens n’est pas assurée.

 

100 1553La région sahélo-saharienne est caractérisée par une faible pluviométrie et l’aridité de ses sols. Depuis cinquante ans, les sécheresses ont causé de lourds préjudices. Les sous-sols fournissent en revanche d’abondantes ressources naturelles. A commencer par des réserves d’eau qui proviennent d’aquifères. La nappe albienne, mer souterraine exploitée par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, équivaut à la moitié du volume de la Méditerranée. Elle alimente plusieurs villes (dont Tamanrasset qui en bénéficie depuis un an), et favorise l’essor de l’agriculture irriguée et de l’élevage. Un autre bassin a été pour sa part capté par la Libye. L’eau fossile pourvoit aux besoins des centres urbains du littoral libyen. L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) étudie maintenant la possibilité d’utiliser les aquifères transfrontaliers d’Iullemeden, qu’ont en commun le Mali, le Niger et le Nigéria, et celui de Taoudéni/Tanezrouft partagé par la Mauritanie, le Mali et l’Algérie.

Les gisements miniers et les ressources énergétiques sont l’autre richesse. La Mauritanie, deuxième exportateur de minerai de fer du continent, produit aussi du cuivre et de l’or. L’industrie d’extraction représentait 24% du PIB en 2010 et plus de la moitié du revenu d’exportation du pays. Le potentiel de réserves de gaz naturel offre également d’importantes perspectives à long terme. Le Hoggar algérien recèle pour sa part des gemmes (topaze, turquoise, agate…), de l’étain, de l’or et des roches diamantifères.

Au Burkina Faso, dans la région sahélienne, au nord du pays, la mine d’or d’Essakane, plus grand site aurifère à l’échelle nationale, est exploitée par IamGold. Son potentiel de production est estimé entre 90 et 120 tonnes d’or. Le métal jaune est ainsi devenu le premier produit d’exportation depuis 2009. Il contribue à 7,7% du PIB. Le Niger dispose quant à lui d’importantes réserves d’uranium. C’est l’un des leaders mondial dans sa catégorie. Au Nord-ouest du pays, la Somaïr, filiale d'Areva, exploite depuis quarante ans plusieurs gisements. Au nord du Mali, outre du phosphate dans l'Adrar des Ifoghas et du sel gemme, on y trouve des pierres précieuses, notamment des grenats et des corindons, dans le Gourma. Et dans le bassin de Taoudéni, l’exploration pétrolière s’intensifie. Les hydrocarbures sont effectivement l’autre source de revenus de la région sahélo-saharienne. Comme au Tchad où le pétrole, qui représente 90% des exportations, est devenu en l’espace de dix ans le secteur clé de l’économie et la première entrée de devises.

Pour l’exploitation de toutes ces matières premières, des partenariats économiques se nouent avec des multinationales d’Asie, d’Amérique et d’Europe. Elles sont positionnées pour l’extraction d’hydrocarbures, d’uranium, d’or, de bauxite… Et fournissent la technologie et l’expertise pour la construction des infrastructures de télécommunications, le traitement de l’eau, le transport d’énergie… Tout cela contribue à développer les économies, et procure localement de l’emploi. Pourtant, cela ne suffit pas. Six millions de Nigériens et 2,9 millions de Maliens sont considérés comme particulièrement vulnérables. Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) tire le signal d’alarme. « En raison du déficit pluviométrique et hydrologique enregistré, la production céréalière prévisionnelle de la zone Sahel enregistre une baisse de 25 % par rapport à l’année dernière ». Dans le même temps, le prix des denrées alimentaires augmente (+ 40% pour les céréales). La pression est d’autant plus grande que la région sahélo-saharienne a été confrontée au retour massif de milliers de migrants subsahariens qui ont fui les combats en Libye. A cela s’est greffée la rébellion au nord du Mali. « Ce qui se passe est la conséquence collatérale de la crise libyenne », déclarait Issoufou Mahamadou, président du Niger, en février, en marge du Forum francophone préparatoire à Rio + 20. Il ajoutait : « J’espère que cette crise sera surmontée. Un nombre important de réfugiés arrivent au Niger, au Burkina Faso… Dix mille réfugiés provenant du Mali ont été accueillis au Niger, depuis quelques jours, en plus des 260 000 Nigériens rapatriés de Libye et de 20 000 autres de Côte d’Ivoire. Tous ces évènements interviennent alors que la campagne agricole enregistre de mauvais résultats ». Depuis le 22 mars, la région est le théâtre d’une autre crise. Elle se déroule à présent au sommet de l’Etat malien.

Résilience à la crise en Algérie

 

Le tourisme était l’autre source de revenus. Aujourd’hui, cette activité est en berne dans la région. Les amateurs de treks et de couchers de soleil dans le Ténéré et le Tassili ont déserté les étendues sahélo-sahariennes. Mais sur place, on s’adapte.

 

Dans le Grand Sud algérien, il en est qui profitent de l’arrivée de l’eau à Tamanrasset pour développer100 1581 l’agriculture et l’élevage. « Il n’y a pas de touristes depuis deux ans, mais on vit quand même, avec le commerce et l’élevage de chameaux », explique Abdelkader, patron d’une agence de voyages. D’ailleurs, l’Etat encourage ces initiatives en cédant des terres au dinar symbolique, en accordant des prêts bancaires à des taux attractifs (un million de dinars à 1% d’intérêt pour un hectare valorisé), une exonération d’impôts pendant 5 ans et la gratuité du système de concession. A la fin de l’année 2011, Saïd Meziane, wali (préfet), annonçait déjà 120 créations de palmeraies au niveau d’In Salah.

Mokhtar Zounga, maire de Tamarasset de 1997 à 2002, directeur de l’agence de voyages Akar-Akar, a redirigé ses activités sur son exploitation agricole. A défaut de touristes, il a intensifié l’élevage ainsi que la culture d’arbres fruitiers et de produits maraîchers. « Tout fonctionne bien sauf le tourisme. Le drame, c’est que mon agence, créée dans les années 1970, faisait travailler les Touaregs, et qu’ils se sont alors retrouvés au chômage », explique-t-il. Heureusement, ajoute-t-il, le pays est riche et généreux, et d’autres opportunités existent, a l’instar du commerce transfrontalier qui emprunte aux traditions caravanières d’antan. « Les marchés du Mali, du Niger et du Burkina Faso sont ravitaillés en sucre, thé ou semoule et en textile, via Tamanrasset et Adrar. Comme les denrées alimentaires sont subventionnées, elles sont forcément moins chers et sont acheminées  -  légalement ou non – vers ces destinations par la route transsaharienne, dont la section jusqu’au Niger a été achevée par l’Algérie. »

 


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