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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 15:16

 

Entretien avec François Hollande

 

Paru dans L’Essentiel des relations internationales

Février/Mars 2012

 

Propos recueillis par Véronique Narame

Crédit photo : Véronique Narame ©

Algerie-SITEV-Decembre-2010-070--190--002.jpgA quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle du 22 avril, entretien  exclusif avec le candidat François Hollande, qui s’exprime sur les grandes questions internationales et sur la manière dont il présiderait aux destinées de la France, en cas de victoire, le 6 mai prochain.   

 

L’Essentiel des relations internationales : La campagne présidentielle se déroule sur fond de crise, tant sur le territoire national qu’en Europe et à l’international. Dans ces conditions, comment la France pourra-t-elle conforter sa position sur l'échiquier économique européen et mondial, et qu'entend-elle mettre en avant pour maintenir son cap ?

M. François Hollande : Nous vivons des temps troublés. Notre pays, mais aussi l’Europe sont confrontés à la plus grave crise depuis la Seconde Guerre mondiale, tandis que les nouveaux équilibres mondiaux peinent à émerger.

Cette situation, il faut la regarder avec lucidité - gravité même - mais il nous faut aussi retrouver la voie de la confiance. Car la France dispose d'atouts réels pour maintenir son rang et, au-delà, renforcer sa position en Europe et dans le monde. Ce qu'elle a perdu, c'est la volonté politique nécessaire pour donner le cap. Pour retrouver ce cap, il lui faut un nouveau capitaine ! Et trois priorités.

Il faut redresser le pays par un nouveau pacte productif et un investissement sur notre jeunesse. Il faut redynamiser l'Europe en sortant de la crise actuelle par le haut, par une relance de la croissance, un approfondissement de l'intégration européenne et une réappropriation par les peuples européens de leur destin collectif. Il faut enfin tirer les leçons de cette situation pour construire de nouveaux équilibres mondiaux. Cela requiert de changer la donne par une reprise du contrôle politique sur la finance internationale, une mise en place du juste échange et par une réforme de la gouvernance mondiale.

La France, moteur incontournable de la construction européenne, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a des marges de manœuvre et une éminente responsabilité. Du redressement du pays, de la relance de l'Europe et du rééquilibrage de la mondialisation dépendent notre avenir.

 

Que doit entreprendre, selon vous, le Fonds monétaire international pour restaurer les équilibres et comment ajusteriez-vous vos vues avec Christine Lagarde, directrice du FMI, si d’aventure vous étiez élu ?

Le Fonds monétaire international a la responsabilité d'une réforme profonde du système monétaire international. Cette réforme est rendue difficile par la crise mais elle demeure impérative. Le Fonds doit également contribuer au renforcement de la régulation de l'économie internationale, dans un sens favorable à l'équilibre et à la croissance. Pour cela, nous avons besoin d'un FMI actif et innovant dans lequel l'Europe doit pouvoir défendre pleinement ses intérêts. J'entretiendrais ainsi des relations de travail exigeantes et ambitieuses avec Madame Lagarde, personnalité respectable, en dépit du fait que nous ne partageons pas les mêmes convictions politiques.

 

Quels types d’échanges et de partenariats entreverriez-vous avec les cinq puissances émergentes qui constituent les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ?

Les grandes puissances « émergentes » sont aujourd'hui dans une très large mesure « émergées ». Elles pèsent de plus en plus dans les équilibres mondiaux et souhaitent  affirmer leur rôle politique sur la scène internationale. Ce groupe, hétérogène dans les prises de position, partage cette volonté commune. Elle est parfaitement légitime.

Alors que la plupart des grands défis économiques, environnementaux et sociaux sont devenus globaux, la France et l'Union européenne ont tout intérêt à établir des partenariats étroits avec ces puissances devenues incontournables. Des partenariats ambitieux et exigeants, fondés sur la réciprocité et sur la construction de nouveaux équilibres mondiaux, dans le respect de nos intérêts et de nos valeurs. Et qui devront s'inscrire dans le cadre multilatéral du G20 et des Nations Unies. Dans leur définition, nous devrons avoir pour objectif de rééquilibrer la mondialisation et de mieux promouvoir la démocratie et les droits de l'homme.  

 

La France restera-t-elle, avec François Hollande, l'un des premiers contributeurs de l'OTAN ?

L'OTAN, dont le cœur de métier est la défense collective de ses membres, restera le lieu privilégié des actions militaires conjointes qu'Américains et Européens voudraient à l'avenir conduire ensemble. La France, qui porte des responsabilités importantes au sein de l'Alliance, respectera à l'évidence pleinement ses engagements internationaux.

S'agissant de la réintégration dans le commandement militaire intégré décidée unilatéralement et sans contrepartie convaincante en matière de défense européenne par Nicolas Sarkozy, je me réserve la possibilité, si je suis élu, d'en conduire une évaluation objective afin de définir les orientations pour l'avenir.

 

L'intervention politique et économique de l’Hexagone, telle qu'elle est menée par le président Sarkozy, notamment en Afrique, sera-t-elle sur la même lignée avec vous ? Si non, quelles seront les différences majeures ?

Nicolas Sarkozy disait en 2007 vouloir une « rupture » avec le passé de la politique africaine de la France. Mais cette rupture n'a pas eu lieu. Tout au contraire. Du terrible discours de Dakar sur « l'homme africain » au maintien des réseaux occultes, tout a montré au cours des cinq dernières années une lecture archaïque de nos relations, aveugle aux évolutions politiques et économiques profondes que connaît aujourd'hui le continent africain.

Ma politique à l'égard de l'Afrique sera profondément différente de celle de Nicolas Sarkozy. Je mettrai un terme aux attitudes condescendantes, aux rapports de domination, d'influence et d'affairisme. Je ne m’érigerai pas en donneur de leçons mais je défendrai l’idée que la démocratie, les valeurs de progrès et de liberté valent partout dans le monde et aussi en Afrique.

Je construirai avec les pays africains des partenariats entre égaux fondés sur la reconnaissance pleine et entière des gouvernements démocratiquement élus et le renforcement de nos liens en faveur du développement car l'Afrique est un continent d'avenir. J'accorderai une priorité à l'Union africaine, qui porte une responsabilité éminente pour la stabilité et le développement du continent.

 

Par un hasard du calendrier, les élections présidentielles françaises ont lieu l’année du cinquantenaire de l'indépendance de l’Algérie. Comment s’engageront les relations avec ce pays dans ce contexte particulier ?

Si je suis élu, je souhaite que l'année 2012 soit celle d'un nouveau départ pour les relations entre la France et l'Algérie, un pays que j'aime et où je me suis souvent rendu. Nous sommes deux Etats au cœur des relations internationales et des enjeux actuels, sur les deux rives de la Méditerranée. Nous devons être capables de parler du passé avec courage mais nous avons aussi et surtout besoin de construire l'avenir avec ambition. Nous le devons tout particulièrement aux jeunesses de France et d'Algérie.

 

Au plan national, quelles lignes faudrait-il bouger pour que la nation française affiche plus franchement sa diversité ? Vous inspireriez-vous, sur ce chapitre, du modèle américain ?

La France n'a aucun complexe à avoir en ce qui concerne sa diversité. Tout au contraire, c'est une chance exceptionnelle, qui est au cœur même de notre modèle républicain. Il ne s’agit donc pas d’importer tel ou tel modèle mais bien de revenir à ce qui fait le cœur du modèle français, fondé sur le respect absolu de la diversité dans le cadre des valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité.

Pour cela, nous devons le débarrasser des débats stériles sur l'identité nationale et lui donner les moyens de fonctionner. Je pense notamment à l'école, à l'accès à la formation, à l'emploi, au logement, à la lutte résolue contre toutes les formes de discrimination. Car c’est au cœur des discriminations que se forgent les ressentiments et l’exclusion.

 

Quelles sont les valeurs françaises qui s'exporteront le mieux à l'étranger avec François Hollande ?

La France n'exporte pas ses valeurs. Elle les porte, elle les défend, elle les partage. La démocratie, les droits de l'homme, la liberté, appartiennent à notre héritage et construisent aujourd'hui l'Histoire, comme le Printemps arabe le montre. Nous devons les défendre avec force et sans compromis.

La France a également vocation à retrouver, dans sa diplomatie, le sens de la concertation, du multilatéralisme et de l'ambition européenne, que Nicolas Sarkozy a perdu de vue.

 

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