Algérie/Tourisme

A la conquête du désert algérien

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - Janvier 2010

 

2010, année de vérité pour le tourisme algérien. Après la tenue du Sitev, au début de décembre 2009, l'Algérie a pour ambition d'attirer 3 millions de visiteurs.

Avec ses 1200 kilomètres de côtes bordant la Méditerranée, un massif montagneux dont le  plus haut sommet pointe à plus de 2300 mètres et le plus grand désert du monde, l’Algérie peut se targuer d’être une destination d’exception. Outre cela, elle dispose du deuxième patrimoine romain de l’humanité et de sources thermales à profusion. « Le pays résume à lui-seul l’Afrique et la Méditerranée et décline une foule de possibilités de découvertes et d’aventure » confirme Mohamed Benelhadj, directeur de l’Office national du tourisme.

« Il s’agit désormais de développer la montée en cadence du tourisme national et de l’insérer progressivement dans les circuits commerciaux du tourisme international  par l’émergence à moyen et long termes de la destination Algérie », déclarait pour sa part Chérif Rahmani, Ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, lors de l’inauguration du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), le 1^er décembre 2009, à Alger. « Il y a une réelle volonté de la part des autorités de faire avancer les choses » constate Antoine Paucot, un Français qui propose des voyages haut de gamme dans le Sud et des circuits de découverte des sites romains. En ce qui concerne le tourisme balnéaire, le littoral compte d’ores et déjà des infrastructures touristiques de qualité, et notamment les complexes d’Annaba et de Sidi Fredj ou encore les 113 hôtels totalisant près de 10.000 lits dont dispose Oran.

Mais cela ne suffit pas. L’Algérie escompte en effet la venue de trois millions de visiteurs en 2010. L’offre hôtelière doit alors se diversifier. Ces deux dernières années, le lancement de la réalisation de 390 nouveaux hôtels privés a ainsi été impulsé. La livraison de 45 projets de villages touristiques d’excellence est projetée dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement touristique 2025 (SDAT). Parallèlement, des maisons d’hôtes sont aménagées, comme à Bordj Taghit, situé à proximité d’un ksar de 800 ans et niché dans une oasis de la Saoura, au sud-ouest du pays.

Appui de l'Etat. Pour accélérer le processus, la promotion de l’investissement touristique est encouragée et bénéficie de l’appui de l’Etat, dans le cadre de la loi de finances complémentaires. Laquelle prévoit, entre autre, un abattement de 50 à 80 % sur le coût de la concession des terrains s’agissant des wilayas des hauts plateaux et du Sud. En outre, une bonification de 3 et 4,5 % du taux d’intérêt aux prêts bancaires est prévu pour les investissements dans les projets touristiques du Nord et du Sud.

Pour consolider l’attractivité et la performance du pays sur le plan touristique, la formation des professionnels du secteur est à l’ordre du jour. « Le développement de cette activité représente pour l’Algérie un enjeu économique important et nécessite des spécialistes en management hôtelier et touristique », annonce l’Ecole nationale supérieure du tourisme d’Alger (ENST). Tinhinan, Amina, Farid et Mourad, qui étudient à l’ENST, se préparent à la gestion d’entreprises hôtelières et de villages vacances. « Le tourisme, c’est l’avenir de l’Algérie. Cela favorise les échanges culturels et c’est ce qui permet d’effacer les stéréotypes. Notre pays est sûr et nous souhaitons faire découvrir ses potentialités et sa richesse à nos hôtes » témoignent-ils.

Pour ce qui est de la couverture aérienne, plusieurs transporteurs sont positionnés sur la destination : Air Algérie, Aigle Azur, Air Méditerranée, Point Afrique... Depuis l’ouverture, par Air Algérie en 2008, de la liaison avec Montréal, la clientèle nord-américaine a augmente. Les nombreux opérateurs algériens présents lors du SITEV ont présenté leurs circuits et les activités de détente et de découverte aux tours-opérateurs et agences de voyages venus d’Europe et d’Amérique.

L'agence Nouvelles Terres propose des séjours à Timimoun et Ghardia. On y découvre des espaces préservés abritant des ksours ceints de dunes. L’Ile de l’Occident, agence fonctionnant sur un partenariat algéro-français, s’est pour sa part  spécialisée dans les croisières et le cabotage. Le tourisme rural se développe aussi, comme à Bejaïa où l'on peut pratiquer des sports de montagne.

Les Entreprises de gestion touristique déclinent de la même manière leurs offres. Cap sur le sud saharien à Tamanrasset ou Djanet et ses méharées, ses bivouacs et ses trekkings, ou encore objectif bien-être pour un tourisme de santé et ses stations thermales, à Tlemcen ou Saïda.

Toutes les conditions sont à présent réunies pour faire monter en puissance une éco-industrie touristique humainement responsable.