L'essence d'une nation
Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, dirige le portefeuile ministériel les plus important du pays, dont les revenus dépendent à plus de 90 % des hydrocarbures.
Propos recueillis par Véronique Narame
Monsieur le ministre, quels sont les développements prévus en Algérie en termes de production pétrolière ?
S’agissant du gaz de pétrole liquéfié (GPL), il est prévu un niveau légèrement supérieur
grâce à la mise en service de la nouvelle unité d’extraction de Hassi Messaoud.
Qu'avez-vous prévu pour les gisements pétroliers exploités en partenariat ?
Qui sont les principaux clients de l'Algérie ?
Les principaux clients en termes d’hydrocarbures sont les Etats euro-méditerranéens, comme l'talie, l'Espagne et la France. En effet, le marché méditerranéen
représente plus de 80 % de la totalité des ventes de la compagnie.
Le marché gazier algérien est également important. Quels en sont les principaux débouchés commerciaux ?
Quelles sont actuellement les capacités de production gazières de l'Algérie?
Cette augmentation est due à l’extension des gazoducs Enrico Mattei -reliant l'Algérie à l'Italie par la Tunisie- et Pedro Duran Farrel, qui assure la connexion Algérie-Espagne via le Maroc. Au niveau du transport maritime, la capacité de la flotte des dix méthaniers s’élève à 1,1 million de m3 de GNL, ce qui équivaut à 40 % des exportations de Sonatrach. Quant à l’industrie de transformation, elle comprend la liquéfaction de gaz naturel, qui s’opère à partir des quatre complexes GNL en exploitation et dont le volume total est de 26,7 BCM/an. Deux complexes de séparation de GPL permettent, pour leur part d’exploiter, 8,6 millions de tonnes par an.
De grands projets gaziers seront réalisés, entre 2009 et 2013. Quels sont-ils et quels sont ceux que vous jugez prioritaires ?
Il y a, pour commencer, un programme d'exploration et de délinéation au niveau de zones à potentiel gazier, notamment dans la région Sud-Ouest de l'Algérie, où plusieurs découvertes ont été faites ces dernières années par la Sonatrach et ses partenaires. Cela concerne, de la même manière, les bassins de Berkine et d'Illizi, qui seront exploités en effort propre ainsi qu'en partenariat.
Au niveau du développement des gisements, un investissement, évalué à près de 10 milliards de dollars -dont 60% en association- est prévu. Seront ainsi lancées plusieurs opérations. Les principales concernent les gisements de Gassi Touil et de Rhourde Nouss, développés par la Sonatrach cette année, et dont la mise en service est prévue pour 2013. Une autre opération, livrable à partir de 2012, est projetée en association avec la compagnies pétrolière canadienne FCP, à Menzel Ledjmet Est. Enfin, des installations de compression sont réalisées en association avec BP et Statoil, au niveau d’In Amenas.
D’autres projets vont être lancés pour un investissement estimé à 8 milliards de dollars. Ils permettront d'assurer la croissance de la production de gaz, à moyen et long termes. Il s'agit des découvertes de Touat, Timimoune et Reggane. Leur dossier de commercialité est actuellement en phase de finalisation.
Au plan du raffinage et de la pétrochimie, il est prévu de réhabiliter les capacités des complexes industriels de liquéfaction de gaz naturel, et de créer de nouvelles unités de GNL. Quelque 6,5 milliards de dollars seront à cet effet investis. Trois nouveaux trains de séparation de GPL, d’un volume total de 3,6 millions de tonnes, sont par ailleurs en cours de réalisation. Ils seront mis en service en 2010. En outre, plusieurs projets afférents à la pétrochimie sont en passe d'être concrétisés.
Pour le transport du gaz, il est par conséquent prévu d’accroître la capacité actuelle de plus de 50 %, à l’horizon 2013. Le montant de l’investissement est de l’ordre de 5 milliards de dollars.
Via la Sonatrach et Sonelgaz, l'Algérie est également positionnée sur des opérations de coopération et d'expertise industrielle à l'étranger. Quels sont les principaux projets énergétiques du pays ?
La Sonatrach est effectivement présente dans l'exploration et la recherche de nouvelles réserves d'hydrocarbures à l’international, pour renforcer l'indépendance énergétique du pays. Notre présence est effective en Afrique et en Amérique Latine, où nous conduisons, seuls et en partenariat, des projets d'exploration et d'exploitation pour les hydrocarbures. Sur le continent africain, nous intervenons au Niger, au Mali et en Egypte, ainsi qu’au Maghreb -précisément en Libye, en Mauritanie et en Tunisie. Sur le segment du gaz naturel, nous sommes présents au Pérou. Pour ce qui est du transport par pipeline, nous sommes également positionnés à Lima, par le biais de nos filiales Sonatrach Pérou et Sipco.
Nous avons développé des positions sur l'ensemble de la chaîne énergétique à travers des implantations sur nos principaux marchés, en Europe et aux Etats-Unis. Tous ces projets à l'international ont permis à la Sonatrach de diversifier son portefeuille d'activités, de développer des partenariats avantageux, et de consolider son rôle d'acteur important sur la scène énergétique mondiale. Cela contribue à un meilleur approvisionnement de nos clients, et à la création de richesse en Algérie et dans les pays où nous opérons.
En décembre 2008 a été annoncée la création, par les pays exportateurs de gaz, d'une organisation officielle dont le siège est établi au Qatar, et qui comprend notamment l'Algérie. Quelles en est le but ?
L'objectif de cette organisation est de dégager de nouvelles voies et de nouveau moyens de concertation entre les différents acteurs de l'industrie gazière, loin de toute confrontation avec les pays consommateurs. Cette coordination fondée sur un système d'échange d'informations affiné, est ouverte à la participation de tout pays exportateur de gaz qui souhaite y prendre part - y compris parmi les pays européens. Cela permettra d’éliminer, à long terme, les incertitudes. Le groupe d'experts des pays membres mis en place depuis plus d'une année a examiné la transformation du Forum des Pays Exportateurs de Gaz [FPEG].
Son évolution lui permet ainsi de jouer un rôle plus actif dans l'échange d'informations. Il s’agit notamment de doter le Forum d'un bureau exécutif composé des représentants des pays membres, de sorte que cela constitue un conseil d'administration. C'est ainsi que le 23 décembre 2008, les ministres de l'Energie des pays exportateurs de gaz ont adopté, à Moscou, la Charte du Forum et toutes les clauses principales. Ils ont par ailleurs choisi Doha, la capitale du Qatar, comme siège de cette organisation, et pour accueillir la huitième session du FPEG. Cette nouvelle organisation permettra d’éviter les déséquilibres entre offre et demande sur les marchés pendant des périodes plus ou moins longues et de faire face à des développements ou à des initiatives imprévues de ces mêmes marchés ou de leurs cadres institutionnels.
Dans le domaine de l’exploitation, on retrouve lAnadarko, ConocoPhilips, Hess (Etats-Unis), Repsol, Cepsa (Espagne), Eni (Italie), BP (GB), Statoil (Norvège), Total (France), Rosneft Stroytransgas (Russie), GULF Kesystone et Sinopec (Chine).
Dans celui de l’exploration, on peut citer les compagnies : BG (Grande-Bretagne), CNPC (Chine), Medex, Petroceltic, PIDC, Shell, GDF (France), Gazprom (Russie), Eon Rhurgas (Allemagne), Total et Statoil.
Dans le domaine de l'exploration, 14 associés sont en activité sur 20 périmètres de recherche. Il s’agit des principales compagnies opérant sur le segment du gaz. Parmi elles, les Chinois CNPC et Sinopec, Repsol, et Medex, l’Américain Anadarko. Et puis également GDF Suez, Total, Shell... Quatre partenaires ont également été retenus suite à l’appel d’offre d’exploration de décembre 2008.
Il s'agit de BG, ENI, GAZPROM et Eon Rhurgaz. Cinq gisements de gaz en exploitation sont par ailleurs développés en association, avec notamment CFP et BHP. Deux autres, Menzel Ledjmet Est et Tessilit Nord sont en projet avec FCP et Roseneft.
Dans le domaine de la pétrochimie et de la gazochimie, six contrats sont conclu avec différents partenaires dont ORASCOM, SGBH, Villar Mir et Almet.