Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
  • : Journaliste Contact : veronique.narame@free.fr | Twitter : @veroniquenarame
  • Contact

LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

Lire la suite.

Recherche

LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 10:04

 

Pierre Ouédraogo, précurseur de l’Internet au Burkina Faso

 

Propos recueillis par Mohamadou Diallo et Véronique Narame

 

CIO Mag / Février-Mars 2014

 

Pierre Ouédraogo est directeur de la Francophonie numérique à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). On ne peut pas parler du développement des TIC au Burkina Faso sans évoquer ses réalisations. Aujourd’hui, à l’OIF, il développe des stratégies en faveur de la promotion du numérique dans l’espace francophone. Focus sur les réalisations que ce féru d’informatique à légué au pays des hommes intègres.

 

CIO Mag : Quel regard portez-vous sur le développement du numérique dans l’espace francophone ?

Pierre Ouédraogo : Le développement des Technologies de l’information et des communications (TIC) en Afrique francophone est assez contrasté. Tous les pays sont néanmoins tenus d’accomplir le saut numérique pour accompagner leur croissance. Avec les ressources humaines dont dispose l’Afrique, plus celles de la diaspora africaine, l’essor des TIC est possible. Aujourd’hui, le coût des ordinateurs est accessible et les logiciels libres sont à notre disposition. Les ressources existent, elles sont mobilisables. Nous sommes à un tournant historique et l’Afrique francophone doit se saisir de cette opportunité pour construire son industrie locale à partir de sa matière première : l’humain. Les états peuvent se donner les moyens d’atteindre les objectifs qui vont permettre d’accroître la richesse nationale. La stratégie numérique 2012-2020 de la francophonie, qui a été adoptée au XIVe Sommet de Kinshasa, nous permet d’avancer en ce sens. La compétition est ouverte et chaque pays peut en faire une opportunité pour le développement.

 

CM : Votre vision de la situation n’est-elle pas un peu trop optimiste ?

P.O : Non, ce n’est pas une utopie, même s’il est vrai que dans un contexte de sous-développement, c’est un défi à relever parmi d’autres. Pour autant, les Africains sont en capacité d’entreprendre des actions significatives. Pour preuve, le Kenya a inventé le m-Pesa, un système de paiement par téléphone mobile qui s’appuie sur une technologie française, et qui est à présent sur le point d’être transféré en Europe ! Le numérique porte un sacré coup à l’afro-pessimisme. Chez les jeunes, les TIC provoquent un véritable changement dont nous mesurerons les effets dans quelques années.

 

CM : Quelle est la stratégie de l’OIF pour accompagner la révolution numérique ?

P.O : L’année 2014 est une année charnière pour l’OIF. Il s’agit de mettre en œuvre des projets pilotes en vue de préparer la première programmation quadriennale 2015-2018. A commencer par le lancement du réseau francophone d’e-Gouvernement, avec l’appui du Maroc. Les applications seront hébergées sur nos serveurs et l’animation sera assurée à distance par des experts marocains. Le Maroc a déjà fait de grands efforts dans ce domaine et la diffusion de bonnes pratiques pourra favoriser le développement des services de gouvernement électronique. D’autres projets sont programmés. L’OIF va prochainement lancer la plateforme d’échange du réseau francophone de l’innovation. Elle fait suite à la demande formulée lors du Sommet de Montreux, en 2010, par les chefs d’Etats.

En prélude au XVème sommet de Dakar, la Francophonie compte organiser le premier forum de l’innovation multisectorielle. Egalement à l’ordre du jour, la numérisation des bibliothèques, avec l’ambition de rendre accessible les fonds documentaires du Nord et du Sud pour partager les connaissances et les expériences tout en contribuant à leur préservation. Une expérience pilote a d’ores et déjà commencé avec le Burkina Faso. Le Sénégal et le Tchad sont prévus pour cette année. Au cours de cette expérimentation, des experts nationaux sont formés par l’OIF. L’objectif est qu’ils acquièrent les compétences requises pour la numérisation. Car d’ici à huit ans, le patrimoine de la moitié des bibliothèques nationales des pays francophones devrait être numérisé. La mise en œuvre de la stratégie de la francophonie numérique horizon 2020 constituera un jalon important pour l’ensemble des pays de l’espace francophone.

 

CM : On vous présente comme le précurseur de l’Internet au Burkina Faso. A quoi cela tient-il ?

P.O : De 1982 à 1997, j’ai été responsable du département informatique à l’Office national des télécommunications (ONATEL), puis chef du projet Internet. Je me suis à ce titre occupé de la connexion du Burkina Faso à l’Internet. Nous avons développé, en 1996, le premier nœud national d’échange Internet. Trois mois seulement après son entrée en service, nous avons mis en place le registre national Internet. Le Burkina Faso a été le premier pays africain au Sud du Sahara à disposer de son propre registre.

Par la suite, nous avons piloté l’opération pour l’obtention du bloc d’adresses IP. Dans les mois qui ont suivi, nous avons rapatrié la gestion technique du nom de domaine national (.BF) en collaboration avec l’ORTSTOM (aujourd’hui devenu l’IRD). La liaison avec la faculté de sciences de l’université de Ouagadougou a été construite dans la foulée, avec la pose de des premières fibres optiques sur le campus. En 1996/97, nous avons créé un groupe d’utilisateurs de logiciels libres, ainsi que le premier réseau national d’éducation-recherche. A noter également, que le nœud Internet a permis la mise en ligne du premier site Internet burkinabè, - www.fespaco.bf - le jour de l’ouverture du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), en 1997. Quand vous avez une vision et que vous êtes déterminé, vous pouvez amener tous les acteurs à rejoindre votre projet!

 

M.D : Comment percevez-vous les systèmes d’information au Burkina Faso ?

P.O : La politique de croissance n’a pas encore donné toute sa place au numérique et cela pénalise fatalement le secteur. Le projet d’e-Gouvernement et l’e-Conseil des ministres sont d’importants déclencheurs potentiels, tout comme le cinéma numérique, et les autres actions visant au développement de contenu et la création de services à haute valeur-ajoutée. La cyber sécurité est également très bien organisée. L’Agence nationale de sécurisation des systèmes d'information (ANSSI) a été créée et une unité de cyber-police a été mise en place avec le concours de la Francophonie. Il faut à présent confirmer la tendance en soutenant l’innovation, notamment via la formation et le financement des PME, avec des prêts à taux attractifs. A l’instar de ce qui se fait au Maroc, on peut envisager la mise en place de mécanismes de fonds de garantie pour les entreprises. C’est le point important sur lequel il faut travailler pour favoriser l’émergence de startups. J’ai bon espoir que cela avance avec Jean Koulidiati, ministre du Développement de l'économie numérique et des postes.

 

Pierre Ouédraogo

Un visionnaire à la direction de la francophonie numérique du

« pays des hommes intègres »

 

Physicien de formation, Pierre Ouédraogo détient le grade d’officier supérieur de l’armée burkinabé. Il est également diplômé de l’International Business School de Louvain, en Belgique, où il s’est spécialisé en Administration des entreprises et a obtenu un Master en Informatique de gestion.

D’abord promu électronicien dans l’aviation, l’ingénieur diplômé de l’Université de Ouagadougou a par la suite intégré l’Office national des télécommunications du Burkina Faso (ONATEL), où il s’est rapidement familiarisé à l’outil informatique. Passé maitre en matière d’expérimentation innovante dans les TIC, Pierre Ouédraogo a contribué à l’installation du nœud d’accès à Internet au Burkina, en 1996, et a piloté l’opération pour l’obtention du bloc d’adresses IP.

Le pays des hommes intègres lui doit aussi d’avoir créé le premier site web burkinabè - www.fespaco.bf - sous la racine bf. Il a réalisé la prouesse de faire établir l’une des toutes premières liaisons Internet en Afrique et a contribué à la mise en place des organisations africaines spécialisées comme AFRINIC et AFNOG. Grâce à son engagement, le Burkina Faso a été l’un des tous premiers pays à s’affranchir de la tutelle des entreprises privées internationales en créant son registre national Internet local. Au nom de la souveraineté nationale, il a fait le choix de mettre les serveurs du nœud Internet sous le système d’exploitation Unix, à une époque où Microsoft régnait sans partage dans ce domaine. C’est ainsi qu’est né l’Association burkinabè des utilisateurs d’Unix et des systèmes ouverts. Ce pionnier a été reconnu au niveau international avec le Prix Jonathan Postel, qui lui a été décerné en 2012, par l’Internet Society.

Aujourd’hui, Monsieur Pierre Ouédraogo est Directeur de la Francophonie numérique à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Partager cet article
Repost0

commentaires