« Nos Orients. Le rêve et les conflits »
Jean Lacouture
Entretiens avec Ahmed Youssef
Editions du Rocher
195 pages
18€
Paru dans Arabies - Février 2010
Citoyen d’Orient et journaliste, ainsi se décrit Jean Lacouture, narrateur, dans cet ouvrage, d’une histoire dont il a été le grand témoin. En Indochine, d’abord, dès 1954, puis au Maghreb et en Egypte. Pour l’interviewer, un autre journaliste, au quotidien égyptien Al-Ahram, Ahmed Youssef.
Le dialogue auquel vont se livrer, au fil des pages, les deux hommes, est à bien des égards édifiant, tout comme leurs opinions sur cette période de l’histoire de France marquée – dixit l’ambassadeur de France, Pierre Hunt, qui a préfacé l’ouvrage – par ses erreurs multiples. « Aussi, le témoignage rétrospectif du grand observateur engagé que fut Jean Lacouture nous est-il d’un grand prix » ajoute-t-il.
Tout est en effet évoqué, sans ellipses ni contournement. L’intention étant de s’interroger sur une « période et des circonstances où la politique française apparaît obscure et contradictoire ». Saigon et le général Leclerc, le Cambodge. L’Algérie, le code de l’indigénat, l’émir Abd el-Kader, les figures du mouvement nationaliste algérien et les intellectuels français. Puis le Maroc, l’interview qu’accorde Mohammed V à Jean Lacouture. S’ensuit un chapitre sur la Tunisie et ses échanges avec Bourguiba, ainsi qu’une partie dédiée au Liban, à ses amitiés avec le patron du Nahar et avec l’historien Gérard Khoury. Enfin, l’étape égyptienne : Nasser et le discours de nationalisation du canal de Suez auquel assista, et sa rencontre avec Boutros Boutros-Ghali.
Si l’histoire est si objectivement passée en revue durant cette conversation à propos des Orients, c’est bien par le truchement des questions d’une rigoureuse précision et d’une grande pertinence d’Ahmed Youssef.