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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 15:12
Cameroun/Réfugiés nigérians

 

Ils ont fui l’enfer de Boko Haram

 

Paru dans Le Parisien/Aujourd’hui en France

Samedi 06 juin 2015

 

 

Reportage. Quarante mille Nigérians, contraints de fuir la secte islamiste, ont trouvé refuge dans le camp camerounais de Minawao.

 

Minawao (Cameroun)

De notre correspondante, Véronique Narame

 

A Minawao, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, l’inquiétude se lit sur les visages des réfugiés. Dans la maternité, quatre jeunes mamans sont comme prostrées. Leur enfant, né le jour même, grossit le nombre de ceux qui seront désormais des citoyens camerounais.

Quarante mille personnes, toutes originaires du nord-est du Nigeria, toutes chassées par les islamistes de Boko Haram, ont trouvé asile dans cet immense camp écrasé par la chaleur. Au pied d’une tente, une vieille femme, assise à même le sol, est prise d’une mauvaise toux. Il n’est pas encore midi, l’atmosphère est déjà irrespirable. Et pas un brin d’ombre. Une foule se masse devant le camion-citerne du Programme alimentaire mondial. La distribution des dix litres d’eau quotidiens par personne va commencer. « Le Cameroun pourvoit également à l’approvisionnement en eau en creusant des forages, explique Rébecca Djao, médecin camerounaise. Mais les réserves s’épuisent. »

Lucas Isaac est le représentant des réfugiés. Son histoire est semblable aux Nigérians échoués dans ce no man’s land de 150 hectares. Il raconte. « Je travaillais à Maiduguri, dans un cabinet d’avocats. J’étais bien installé, j’avais une maison, une voiture. Un jour, j’ai été averti que Boko Haram me recherchait pour me tuer. J’ai rassemblé ma famille et nous avons fui à pied, en laissant tout derrière nous. Puis, j’ai trouvé une moto pour arriver jusqu’ici avec les miens. » Coupé de tout, il survit, au jour le jour, sans savoir ce que le sort lui réservera. Lydia, 36 ans, a dû fuir son village parce que son mari, un chrétien, risquait sa vie, comme tous ceux que Boko Haram, affilié à l’organisation Etat islamique, juge « mécréants ».

 

Des prêches ultraradicaux aux exécutions

Maiduguri, capitale de l'État de Borno, dans le nord-est du Nigéria, est tristement célèbre. C’est dans cette ville que la secte islamiste a commencé à opérer en 2002. D’abord par des prêches ultraradicaux qui condamnaient notamment l’éducation, jugée illicite. Puis, les terroristes ont tué, sans distinction, musulmans, chrétiens, animistes. « Ils rassemblent les populations et les somment de les rejoindre. Ceux qui refusent sont exécutés. Certains sont contraints de les suivre. Ils sont ensuite drogués », explique Lucas Isaac. Un homme du comité de vigilance, chargé de la surveillance du camp, raconte. « J’ai essayé de défendre les villageois attaqués par Boko Haram. Ils m’ont porté un coup à la tête. » La balafre qui raye son crâne atteste de ce qu’il a eu à endurer avant d’échapper à ses bourreaux, des jeunes de 15 à 25 ans, pour la plupart.

En 2013, à l’installation du camp, les réfugiés n’étaient que trois à quatre mille. Deux ans plus tard, ils sont 40 000, dont 8 000 enfants scolarisés sur place. Chaque jour, entre 250 et 300 nouveaux arrivants affluent à Minawao. Leur maigre paquetage entreposé, ils attendent leur identification par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). « Nous les recevons car le Cameroun a signé la Convention de Genève pour la protection des victimes de guerre », fait remarquer Midjiyawa Bakari, Gouverneur de l’Extrême-nord. En guerre contre Boko Haram depuis dix mois, le Cameroun a déjà mobilisé près d’un milliard de dollars (900 M€) contre la secte.

 

__________________________________________________________________________________

« Chaque famille du camp a perdu un proche »

Nasir Abel Fernandes, du HCR

Anthropologue de formation, Nasir Abel Fernandes est coordinateur principal chargé des situations d’urgence au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Basé à Genève, il revient d’un séjour de plusieurs semaines au camp de Minawao.

Comment sont les réfugiés à leur arrivée sur le camp de Minawao ?

Nasir Abel Fernandes . Les familles sont très traumatisées par Boko Haram. Chacune a perdu un proche. Leurs villages ont été brûlés, leur bétail saisi. Il leur a parfois fallu dix à douze jours de marche pour atteindre le camp. Au dire des chefs de village et des autorités locales nigérianes, ça reste très dangereux dans ces zones où sévissent les islamistes.

Envisagent-ils de retourner au Nigéria ?

Beaucoup sont traumatisés et n’ont pas confiance. Ils n’envisagent pas de rentrer dans l’immédiat. Ils craignent d’être tués par Boko Haram ou d’être perçus comme des sympathisants de la secte islamiste par les militaires nigérians.

Au total, combien de personnes ont été déplacées ?

Au Nigéria, il y a 1,8 millions de déplacés. Au Cameroun, 98 000 habitants de la région de l’Extrême-Nord, frontalière avec le Nigéria, ont fui vers des zones plus sécurisées, et 38 000 Nigérians ont trouvé refuge dans le camp de Minawao.

               Propos recueillis par V.N.

 

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 08:14

 

Des câbles sous-marins pour fournir du haut débit à l’Afrique

 

 

Paru dans CIO Mag - Avril/Mai 2015

 

 

Un essai de terrain basé sur la technologie 300 et 400 Gbit/s, entre l’Europe et l’Afrique, c’est la prouesse technologique réalisée par Alcatel-Lucent. Décryptage avec Philippe Dumont, Président d’Alcatel-Lucent Submarine Networks.

 

 

Dans les profondeurs abyssales de l’Océan atlantique, deux câbles de 17 millimètres de diamètre, résistant à une pression de 800 bars, fournissent l’Afrique en haut débit : West Africa Submarine Cable (WASC) et Africa Coast to Europe (ACE). A l’origine de cette prouesse technologique, Alcatel-Lucent. Et aux commandes des opérations, Philippe Dumont, Président d’Alcatel-Lucent Submarine Networks, qui officie depuis 2009 chez l’équipementier et depuis plus de vingt ans au sein du Groupe Alcatel-Lucent. Pour CIO Mag, il lève un coin du voile sur le déploiement, entre l’Europe et l’Afrique, de la fibre optique. « WACS, qui fournit les besoins de l’Afrique du Sud, est en connexion directe avec le Portugal. Il a été mis en service en mai 2012. ACE, livré en décembre de la même année, s’étend à l’heure actuelle sur plus de 11 000 kilomètres. » Il dessert seize pays, dont treize en Afrique (Sao Tomé et Principe, Gabon, Guinée Equatoriale, Nigéria, Bénin, Ghana, Côte d’Ivoire, Libéria, Sierra Leone, Guinée, Gambie, Sénégal et Mauritanie). Une deuxième phase prévoit une extension de 5 000 kilomètres qui sera réalisée de la Namibie à l’Afrique du Sud, en passant potentiellement par l’Angola, la République démocratique du Congo et jusqu’au Cameroun. Pour l’heure, l’infrastructure ACE se modernise grâce à la technologie 300G/400G. En janvier, une transmission de 12,6 térabits par seconde (Tbit/s) par paire de fibres a été enregistrée, soit cinq fois plus qu’en 2012. « Les résultats permettent une augmentation de capacité record, cinq fois supérieure à la capacité initiale, grâce à des débits par longueur d’onde adaptés aux distances régionales (400G) ou transocéaniques (300G) ».

 

Equipements immergés

Installés au fond des océans, à des profondeurs qui peuvent atteindre 8 000 mètres, ces systèmes prennent en charge la plupart des données et des communications internationales. Ils forment l'infrastructure de data centers qui alimentent le world wide web. « L’information est véhiculée par la lumière à l'intérieur d'une fibre optique adéquatement protégée pour résister à la pression hydrostatique, et parcourt la longueur du câble sur plusieurs milliers de kilomètres », explique le Président d’Alcatel-Lucent Submarine Networks. En fonction du débit recherché, plusieurs paires de fibres - jusqu’à sept – sont placées à l’intérieur du câble. Pour acheminer l’information sur des milliers de kilomètres, on installe des « répéteurs » tous les 70 kilomètres. « Nos systèmes sont équipés de « répéteurs » qui ré-amplifient la lumière à intervalle régulier et permettent à l'information d'arriver intacte à destination ». Ces équipements électroniques immergés fonctionnant à l’électricité, on introduit un ruban de cuivre dans le câble et on l’enrobe d’un isolant plastique. Mais pas seulement. A 8 000 mètres de fonds, la pression hydrostatique est telle qu’il faut éviter l’écrasement avec une structure en acier, la voûte. Et pour protéger d'agressions telles que les ancres ou les chaluts de pêche à l’abord des côtes, on renforce le câble avec des couches de fils d’acier torsadés. En dépit de ces protections, il arrive pourtant que les infrastructures soient endommagées. Les navires d’Alcatel-Lucent interviennent alors et effectuent les réparations. « Nous disposons de sept bateaux, opérés conjointement avec Louis Dreyfus Armateurs, qui sont dédiés à la pose et à la maintenance des câbles. »

 

Infrastructures partagées

Le système ACE, qui est financée en consortium, est exploité par 19 opérateurs de télécommunications. Chacun obtient une partie des térabits qu’il commercialise pour permettre à ses clients de bénéficier de l’Internet haut débit. Et pouvoir ainsi télécharger différentes applications sur son Smartphone et/ou sur sa tablette. Ou d’avoir accès à des services innovants comme l’e-Education ou des applications de santé. « La croissance du trafic internet double tous les trois ans. Et cela va continuer, grâce au « cloud computing » et à l'arrivée de nouveaux objets connectés. De plus, le monde entier veut être connecté à Internet. C'est devenu vital pour exister économiquement, culturellement et socialement ».

Les pétroliers se tournent aussi de plus en plus vers ce type de technologie pour connecter les sites de production pétroliers et gaziers. « La fibre optique sous-marine est devenue une référence pour la connexion des plateformes pétrolières et gazières Les technologies de fibre optique sous-marine offrent une plus faible latence, une bande passante et une fiabilité accrues, trois facteurs décisifs pour améliorer l’efficacité des opérations terrestres et maritimes ». Et Philippe Dumont de conclure que l’Afrique, comme tout autre pays du globe, a besoin d’Internet pour soutenir sa croissance. Ce à quoi contribue Alcatel-Lucent en fournissant les réseaux optiques sous-marins haut débit.

 

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11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 13:11

 

Jean-Luc Vuillemin, Directeur des réseaux internationaux du Groupe Orange et Président

du conseil de surveillance d'Orange Marine

 

« Orange Marine est à l’origine du déploiement et de la maintenance du câble ACE »

 

CIO Mag - Avril/Mai 2015

 

Jean-Luc Vuillemin est Directeur des réseaux internationaux du Groupe Orange et Président du conseil de surveillance d'Orange Marine. Il préside à l’installation de câbles en fibre optique dans les océans du globe. Et revient, pour CIO Mag, sur le déploiement du câble Africa Coast to Europe (ACE).

 

« Les capacités des câbles sous-marins en fibre optique sont titanesques. Ces infrastructures permettent de transporter une très grande quantité d’informations et assurent 95% du trafic mondial de données haut débit ». Jean-Luc Vuillemin, Directeur des réseaux internationaux du Groupe Orange et Président du conseil de surveillance d'Orange Marine, est catégorique quant à la nécessité d’avoir recours aux câbles sous-marins pour apporter le haut-débit. Même s’il admet volontiers que les liaisons satellites peuvent parfois s’avérer utiles. Notamment si un câble est endommagé. Comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire, où il est arrivé d’avoir à réparer deux coupures simultanées sur SAT 3 et ACE. Mais pour l’heure, tout fonctionne, grâce à Orange Marine qui effectue la maintenance via ses navires câbliers. « Orange Marine, qui a réalisé la pose du câble ACE entre la France et Sao Tomé-et-Principe, ainsi que les stations d’atterrissages et les répéteurs, en assure la maintenance ». La filiale du Groupe Orange dispose de six navires - dont une nouvelle acquisition en 2014 - dédiés au déploiement et à l’entretien de ses infrastructures. Sur le nombre, deux câbliers interviennent en Méditerranée, un dans l’océan atlantique et un est stationné au Cap, en Afrique du Sud. Ce dernier est affecté à l’entretien des câbles en fibre optique sur les côtes est et ouest d’Afrique.

 

Consortium de 18 opérateurs

Le câble ACE, qui a été fourni par Alcatel-Lucent Submarine Networks, a été commandé par 18 opérateurs, lesquels forment un consortium qui finance et exploite le réseau de données haut débit. Parmi eux, le Groupe Orange, chef de file des investisseurs avec 45% de parts, Orange SA (26%), Orange Côte d’Ivoire (4,8%), ainsi que Bénin Télécoms, International Mauritania Telecom, la Sonatel au Sénégal… A terme, ACE devrait atterrir au Cap, de sorte à relier les autres câbles de la côte est-africaine, et remonter jusqu’à l’Asie par le Canal de Suez et Djibouti. Mais pour boucler la boucle, il faut encore que les opérateurs s’entendent, notamment sur le point d’atterrissage, ce qui n’est pas encore le cas. « Il manque 5 000 kilomètres, entre Sao Tomé-et-Principe et Le Cap, pour achever les 17 000 kilomètres de câbles jusqu’à l’Afrique du Sud. En finalisant la boucle, on pourrait ainsi assurer un backup jusqu’à un grand nombre de câbles s’il y avait coupure sur un segment », fait remarquer Jean-Luc Vuillemin.

Une fois les câbles sous-marins déployés et la station d’atterrissement négociée dans le cadre du consortium (à noter qu’elle peut appartenir à un opérateur local qui fournit de la capacité aux autres), les réseaux terrestres prennent le relais pour amener le trafic à l’intérieur du pays et redistribuer le débit via un backbone. « Ces réseaux de communication pourvoient à la connectivité du continent africain. C’est le vecteur principal du développement économique de l’Afrique », conclut le Directeur des réseaux internationaux du Groupe Orange et Président du conseil de surveillance d'Orange Marine.

 

 

 

Jean-Luc Vuillemin

Dates clés

1993 : Entrée dans le Groupe France Telecom, où il connait un parcours varié en France, à l’international et dans les fonctions Corporate. Il a notamment été Directeur général de Cyrtel au Congo, Directeur technique d’Optimus au Portugal et DG de Mobilecom en Jordanie.

Entre 2001 et 2003, il pilote les programmes techniques au niveau du Groupe. Différents postes de direction opérationnelle en France lui seront ensuite confiés : Directeur du développement des services, du réseau et de l’innovation à la Direction régionale de Paris ; Directeur régional Aquitaine ; Directeur de la production des réseaux d’Orange France ; Directeur technique Réseaux et Services d’Orange France.

Depuis juin 2014, Jean-Luc Vuillemin est Directeur des réseaux internationaux du groupe Orange et Président du conseil de surveillance d'Orange Marine.

 

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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 16:59

 

 

Le Parisien/Aujourd'hui en France

 

Samedi 06 juin

 

Reportage dans le camp de réfugiés nigérians de Minawao,

A l'Extrême-nord du Cameroun.

 

" Ils ont fui l'enfer de Boko Haram "

 

Quarante mille Nigérians, contraints de fuir la secte islamiste, ont trouvé refuge dans le camp camerounais de Minawao. Lire

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 15:28

 

Douglas Mbiandou, Président d’Objis :

 

« Former 10 000 informaticiens pour créer, en Afrique, les logiciels, les applications et les Systèmes d’information »

 

Paru dans CIO Mag - Février/Mars 2015

 

 

 

Après le Congo Brazzaville, le Sénégal et le Maroc, Objis annonce son implantation en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Douglas Mbiandou, Président du centre de formation dont le siège est en France, détaille en exclusivité pour CIO Mag toute l’actualité 2015 d’Objis. Et lève le voile sur les nombreux projets de développement à l’horizon 2025.

 

Depuis 2005, date sa création à Lyon (France), Objis ne cesse d’essaimer. D’abord à Paris, où il installe son centre de formation français, puis en Afrique, avec une première implantation au Congo Brazzaville (2013), et deux autres l’année suivante au Sénégal et au Maroc (2014). Dix ans plus tard, en 2015, Douglas Mbiandou, Président d’Objis, annonce l’ouverture de deux nouvelles filiales, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, ainsi qu’un cycle de formation en République démocratique du Congo. Et déploie un programme pour former 10 000 informaticiens sur le continent africain, à l’horizon 2025. « Notre projet a commencé à Brazzaville. Il consiste à former 10 000 informaticiens capables de créer, en Afrique, les logiciels, les applications et les Systèmes d’information dont le continent a besoin pour son développement ».

L’industrialisation de l’offre de formation s’effectue, en parallèle, via la filiale marocaine de Casablanca. Aux commandes du dispositif, Badr El Houari, leader de la formation Java. « Objis Maroc a pour ambition d’apporter sa pierre au développement local de compétences Java, tout en apportant aux autres antennes, en Afrique, un appui technique de premier choix », tient à souligner Douglas Mbiandou. 

 

Développement d'applications Java

Parfaitement identifié, en France et en Afrique Francophone, comme un spécialiste de la formation dans la technologie de développement d'applications autour de la plateforme Java, Objis affiche de nombreuses références (une centaine), comme autant de signes de la satisfaction et de la confiance de ses clients. A commencer par le gouvernement de la République du Congo, qui a confié la formation des personnels de l’Agence nationale des systèmes d’information à Objis. L’équipe est désormais autonome dans la création de logiciels sur mesure, come le logiciel de gestion de la solde des agents de l'Etat. Le Centre d’informatique et de recherche de l'armée et de la sécurité est également un partenaire privilégié. Dernièrement, c’est Orange Sénégal qui a commandité un cursus de 30 jours de formation sur les technologies Java Web Mobile pour ses ingénieurs informatique.  

A l’offre de Formation entreprise s’agrège une offre destinée en particulier à la jeunesse africaine. C’est en quelque sorte le volet social d’Objis. Sa contribution, en plus des 200 articles techniques en libre accès, à la formation qualifiante pour ceux qui constituent la force et l’avenir du continent. « Je souhaite mettre mes compétences au service de l'Afrique en fournissant aux jeunes le savoir-faire que les multinationales me demandent de transmettre à leurs ingénieurs. Je veux transformer leur détermination en compétences dans un secteur porteur comme le développement d'applications Web et Mobile », prévient Douglas Mbiandou.  On estime en effet à 900 millions le nombre de téléphones portables sur le continent, alors qu’il y a proportionnellement très peu de développeurs africains. « Il est de ma responsabilité d’inverser la tendance », confie-t-il. 

 

Formations Objis en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal

Avec des formations de qualité, à des tarifs très attractifs (50 000 F.CFA par mois), le challenge sera, à n’en point douter, relevé. A fortiori avec l’expérience que s’est forgé Objis auprès de ses nombreux clients et grâce à une pédagogie très bien rodée. « Nous sommes capables, en un temps record, d'augmenter significativement le niveau technique des ressources humaines dans les technologies qui sont présentes dans notre catalogue », assure Douglas Mbiandou. Comment ? En publiant des tutoriels en ligne, en organisant des soirées Java et des évènements tel le Javadays Sénégal 2015 (réalisé en partenariat avec l’ESMT, IAM et SUP’INFO Dakar), tout en privilégiant les travaux pratiques et une approche pédagogique participative. Et en impliquant les universités. Le tout dispensé par des formateurs chevronnés, dotés d’une solide expertise en informatique et doués pour former les futurs développeurs d'application Java Web et Mobile. Ceux là même qui deviennent des leaders dans leur discipline. Et qui évoluent vers des postes d'architecte technique et dans des domaines comme l’industrialisation des développements, la sécurité ou la performance applicative, ou encore l’intégration et l’architecture des Système d'information. 

D’autres leur emboîtent le pas, choisissant Objis pour acquérir les fondamentaux des métiers du numérique. En Côte d’Ivoire, où un programme de formation de Développeur débutera le 1er juin, une centaine s’est d’ores et déjà inscrit, tandis qu’au Cameroun, ils sont une cinquantaine à s’être positionnés sur le cursus qui démarrera début octobre. Au Sénégal, les inscriptions à la formation de Développeur Java Web Mobile, qui aura lieu en août, sont ouvertes. Avec une pédagogie reconnue par 150 clients, dont quatre au Sénégal (Orange, les Douanes, Ecobank et la Bceao), le cycle de formation sera très certainement pris d’assaut par les aficionados de langage informatique. A bon entendeur… salut !

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 06:24

 

Gilles Leprêtre, Directeur général SAP Afrique francophone

« SAP met toute son expertise et son expérience au service

des enjeux de sécurité »

 

 

Paru dans CIO Mag N° 35 - Février/Mars 2015

 

Chez SAP, on ne badine pas avec la sécurité des systèmes d’information. A fortiori dans un contexte où les accès aux SI se multiplient et se diversifient. Gilles Leprêtre Directeur général Afrique francophone, fait démonstration des performances de l’éditeur allemand en matière de sécurité.   

 

 

« La sécurisation et le contrôle des accès aux systèmes d’information (SI) sont des enjeux que SAP relève partout dans le monde depuis plus de quarante ans ». Gilles Leprêtre, Directeur général SAP Afrique francophone, s’en explique. Il précise  que pour limiter les risques d’usurpation d’identité, de vol de données ou d’intrusion malveillante, les systèmes d’information sont sécurisés « par construction » et par le biais de systèmes biométriques, comme les cartes à puce ou les logiciels. Ces derniers sont du reste choisis de manière à répondre de façon proportionnée aux risques. « L’expérience de SAP, construite en partenariat avec ses clients et les spécialistes de la sécurité, constitue une réponse à ces enjeux ». Pour preuve, les quelque 260 000 clients de SAP - tous secteurs d’activités confondus - opèrent au quotidien pour un volume de transaction financière de l’ordre de 74% du total mondial.

 

Sécurité des systèmes informatiques

En Afrique, où le leader mondial des applications de gestion et d’aide à la décision est présent depuis 1988, les entreprises et les services publics sont, comme ailleurs, de plus en plus concernés par la multiplication et la diversification des accès aux systèmes d’information. SAP, qui comptabilise 1 500 clients sur le continent - dont plus de 300 sur l’Afrique francophone -, est au premier chef concerné par cette réalité. Au nombre de ses clients figurent en effet la compagnie aérienne Royal air Maroc, l'Office national de l'électricité, électrification rurale du Maroc, Al Omrane, le Ministère marocain des Finances, le Groupe SIFCA en Côte d’Ivoire, Cevital en Algérie… « Nos clients, à qui nous fournissons des solutions de back-office et des applications métiers – dont un nombre croissant par le biais d’applications mobiles -, partagent les mêmes préoccupations sécuritaires », fait remarquer Gilles Leprêtre. Il ajoute : « Le système d’information des entreprises s’ouvre aux fournisseurs, aux partenaires et aux clients. Il en est de même pour les services publics, qui doivent en outre ouvrir leur SI aux agents et aux usagers. Cela ne peut se faire au détriment de la protection des données. Qu’il s’agisse des données de particuliers, d’entreprises, de structures publiques ou d’Etats, tout doit être sous contrôle ».  

 

Traçabilité des connexions et des processus

Avec des applications couvrant 25 secteurs d’activités – au premier rang desquels les quatre secteurs prioritaires en Afrique Francophone : Energie et ressources naturelles, Services publics, Banque et Assurance, et Telco, -, SAP a fait de la sécurité des données la priorité. « Dans des domaines aussi sensibles que la gestion des forces armées et des hôpitaux, les systèmes de gestion financière publique des Etats ou encore des banques et des assurances, SAP a développé une expertise unique garantissant la sécurité des systèmes informatiques. Tous les SI sont concernés, qu’ils soient utilisés par les agents publics, par les employés du secteur privé ou par les usagers et clients », atteste le Dg Afrique francophone. Au-delà de la sécurité des accès, les applications fournies par l’éditeur de progiciels garantissent la traçabilité de toutes les connexions et de tous les processus - en interactions ou en accès aux informations. « La plupart des solutions matérielles et logicielles tierces proposent de l’identification forte comme les cartes CPS, utilisées notamment dans l’industrie ou le monde des hôpitaux », précise Gilles Leprêtre.

Le Cloud est un des autres enjeux de sécurité. « Le développement des offres en mode cloud est un fantastique accélérateur de développement économique, mais seulement si la sécurité des données est garantie. SAP, qui est leader mondial dans le monde du cloud computing et des applications disponibles en mode SaaS, met toute son expertise et son expérience au service de cet enjeu de sécurité », conclut le Directeur général Afrique francophone de SAP.

 

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Encadré

 

Gilles Leprêtre, le savoir-faire de SAP au service des

entreprises et des services publics d’Afrique francophone

 

L’informatique est la seconde nature de Gille Leprêtre. Il n’a jamais quitté cet univers depuis l’obtention de son Master de Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises jusqu’à ce jour, où il officie chez SAP comme Directeur général Afrique francophone. Dans le délai, il a travaillé dans une équipe de R&D au sein d’une grande SSII française et a par la suite évolué vers le monde de l’applicatif et des progiciels. Il a alors occupé des postes de direction commerciale chez JDEdwards et a été membre du comité de Direction de Peoplesoft France.

En 2006, Gille Leprêtre intègre SAP, où il manage le business des petites et moyennes entreprises, avant de rejoindre le board de SAP France, sur les verticaux stratégiques comme le secteur public, le retail, le consumer, les services professionnels ou encore l’industrie. A présent installé à Casablanca (Maroc) avec sa famille, il entend bien transférer cette expérience sur l’Afrique francophone et positionner SAP comme leader sur cette zone stratégique. « Les références et le savoir-faire de SAP seront rapidement profitables à l’économie de l’Afrique francophone », assure le Dg Afrique francophone. 

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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 09:28

 

Quelle identité numérique pour l’Afrique ?

 

Paru dans CIO Mag N° 35 – Février/Mars 2015

 

 

En Afrique, la technologie de la biométrie est de plus en plus exploitée. Les fournisseurs de solutions d'identité numérique participent à de nombreux programmes, parmi lesquels l’authentification des électeurs, la modernisation de l’état civil, des services bancaires mobiles ou des passeports électroniques. Il reste à présent au continent à s’approprier cette technologie pour concevoir du numérique Made in Africa.

 

 

« L’importance stratégique de l'Afrique est immense pour MasterCard. Le continent a connu le plus fort développement au niveau mondial, au cours des dernières années, et nous nous attendons à poursuivre notre croissance car la demande de paiements électroniques est en hausse ». MasterCard reconnait volontiers que le marché africain est attractif. Pour preuve, l’opérateur américain a déployé la technologie biométrique dans moult projets. Au Nigeria, il a développé des cartes nationales d’identité avec des fonctionnalités de paiement électronique MasterCard. En Afrique du Sud, il a conçu, pour la sécurité sociale sud-africaine, des solutions de paiements qui permettent aux bénéficiaires des prestations sociales de régler leurs achats et de retirer de l’argent aux guichets automatiques. Dans le même pays, 7 000 terminaux de paiement (POS) sont en cours d’installation avec le logiciel MasterCard Mobile. A terme, les clients pourront payer avec leurs téléphones mobiles. Au Ghana, la société déploie une carte de paiement rechargeable et capable d’utiliser jusqu'à quatre devises.

 

Des paiements sécurisés

Avec Ecobank, MasterCard a signé, en 2014, son plus gros contrat de licence multi-pays. Quelque 30 pays d’Afrique subsaharienne vont désormais accéder aux paiements électroniques. A l’instar du Kenya, où 5 millions de cartes électroniques vont être émises dans les cinq prochaines années. « MasterCard développe rapidement sa présence en Afrique. En 2013, date à laquelle nous avons ouvert sept nouveaux marchés (Tchad, République centrafricaine, Guinée-Bissau, Libéria, Sierra Leone, Rwanda et Gambie), MasterCard était présent dans 48 des 55 pays d'Afrique. Ce n’est pas un mince exploit quand on sait qu'il y a quelques années les paiements électroniques étaient presque inexistants », explique MasterCard.

Côté sécurité, le réseau de paiement est sous contrôle : technologie EMV, cryptage, authentification et tokenization. Des milliers d'algorithmes et de calculs assurent des paiements sécurisés 24/24, 7/7. « Nous travaillons avec de nouvelles données afin d'améliorer les systèmes de sécurité intégrés que nous offrons : ID de l'appareil, adresse IP, approbation de la mesure de géo-localisation pour les paiements, en collaboration avec d’autres partenaires technologiques », précise Régis Folbaum, Directeur général France de MasterCard. Il ajoute : « Pour assurer des paiements plus sûrs que jamais, nous poursuivons les développements technologiques et avons testé l'introduction des empreintes digitales, ainsi que la reconnaissance faciale et vocale. »

Numérisation de l’état civil

Pour conserver et protéger les données de l’état civil, les gouvernements africains ont également recours aux technologies biométriques. A commencer par le Gabon, qui a mis en œuvre un programme d’identification biométrique pour moderniser l’état civil, et fiabiliser le fichier électoral et les documents d’identité. Les données numérisées permettent la délivrance de documents authentiques et sécurisés. « L’Afrique est précurseur dans la mise en place d’un état civil numérisé », atteste un fournisseur de solutions d’identité numérique. La modernisation de l’état civil est en effet une priorité. La première conférence sur le sujet a eu lieu à Addis Abeba (Ethiopie), en 2010. Une autre a suivi, en 2012, en Afrique du Sud. L’objectif est d’améliorer les systèmes d'état civil pour enregistrer les évènements vitaux (naissances, décès…) et produire des statistiques.

De nombreuses applications, qui font appel à la biométrie, se développent en parallèle. Comme le passeport électronique - document numérique le plus déployé à ce jour –, mis en œuvre, avec les cartes d’identité électroniques, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud… Pour ses programmes d’assurance maladie, l’Etat gabonais a aussi eu recours à la biométrie. Les empreintes digitales servent à authentifier l’identité du porteur de la carte et lui donnent accès à des services gouvernementaux ou à des soins. Le Ghana a opté de son côté pour des solutions de gestion de visa électronique, tandis qu’au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, aux Comores ou en Guinée, des fichiers électoraux biométriques ont été réalisés. Les bases de données élaborées dans le cadre de l’enrôlement des électeurs constituent un préalable à la création d’un état civil sécurisé.

Technologie Made in Africa

Pour protéger l’accès à ces bases de données, un arsenal de logiciels permet de les crypter. Leur traduction requière l’algorithme de cryptographie ad hoc. Pour l’heure, l’Afrique externalise la mise en œuvre de cette technologie de pointe auprès de fournisseurs étrangers, lesquels maitrisent l’alpha et l’oméga de la cryptographie. C’est ce qu’explique Kwame Yamgnane, co-fondateur et directeur général adjoint de l'école 42 (présidée par Xavier Niel, patron de Free). « Pour faire de l’identité numérique, il faut mettre en œuvre des technologies de pointe très complexes, qui requièrent des niveaux de cryptographie exceptionnels. Seuls les mathématiciens de très haut niveau sont aujourd’hui capables de les fabriquer. C’est la raison pour laquelle le marché africain de la carte nationale d’identité est drivé par la France. Il y a un gap technologique à combler pour que l’Afrique reprenne son destin en main, voire l’invente », conclut-il, appelant de ses vœux le développement, par l’Afrique, d’une technologie pour les Africains.  

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 06:30

 

L’Afrique dans le club des hautes technologies

 

Paru dans Géopolitique africaine

 

N°52 Troisième trimestre 2014

 

 

Dans les laboratoires et les centre de R&D d’Afrique, dans les Fab Lab et les BarCamp, les chercheurs et ingénieurs inventent de nouveaux procédés. Qui l’optimisation des ressources hydriques, qui un programme de bancarisation, qui l’installation d’un parc technologique, qui la création d’un substitut de régénération osseuse injectable. Focus sur ces innovations qui révolutionnent le quotidien de l’Africain lambda.

 

L’innovation fut longtemps l’exclusive des pays à forte croissance industrielle. Disposant de ressources en quantité et d’infrastructures de formation de qualité, ils étaient en capacité de former des compétences à haute valeur ajoutée. Et investissaient des sommes considérables dans les centres de Recherche et de développement (R&D). Europe, Etats-Unis, Canada et Australie caracolaient en tête des palmarès High Tech. Ils inondaient le marché avec de nouveaux produits, optimisaient les moyens de production et de livraison, lançaient de nouvelles méthodes de commercialisation et d’organisation. L’arrivée des économies asiatiques sur le front de l’innovation a fait bouger les lignes. Tout comme celle des économies émergentes, Afrique du Sud incluse. Moteur de l’innovation sur le continent, Le Cap n’a pas tardé à faire des émules en Afrique. Si, dans les années 1990, ce sont les programmes de recherche agricole qui ont dominé, et en particulier dans les pays d’Afrique anglophone, aujourd’hui, c’est l’innovation médicale qui prévaut. Mais pas seulement. L’innovation technologique et industrielle essaime en tous lieux et s’engramme dans tous les secteurs stratégiques africains.  

 

 

Excellence et compétitivité

 

La recherche de l’excellence et de la compétitivité est un défi que les décideurs africains s’emploient à relever. La progression des pays d’Afrique subsaharienne dans le classement de l’édition 2014 de l’Indice mondial de l’innovation (GII) en est l’illustration. « La région de l’Afrique subsaharienne est celle qui a connu la plus nette amélioration dans le classement du GII, la Côte d’Ivoire se distinguant en gagnant vingt places et Maurice se hissant en tête du classement régional avec une progression de treize places par rapport à 2013 », note l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).  Sur les 33 pays africains pris en compte dans le classement du GII 2014, 17 ont amélioré leur performance. Parmi eux, le Sénégal, le Kenya, l’Ouganda, le Mozambique, le Rwanda, le Malawi, la Gambie et le Burkina Faso. L’Ile Maurice figure en 40ème position (sur 143 pays), les Seychelles à la 51ème place et l’Afrique du Sud en 53ème position, devant la Tunisie (78ème) et le Maroc (84ème).

 

Les raisons qui expliquent une telle progression, dans un contexte marqué par le fléchissement de la croissance mondiale de la R&D, sont multiples. Les améliorations apportées au cadre institutionnel et à la qualification de la main-d’œuvre - par un accès renforcé à l’enseignement supérieur - contribuent à cette avancée. Tout comme le renforcement des infrastructures, l’intégration aux marchés de l’investissement et du crédit, et la modernisation de l’environnement commercial.      

 

 

Malawi, Ouganda, Afrique du Sud :

Chefs de file de l’investissement

 

D’après une étude sur l’innovation produite par le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le Malawi, l’Ouganda et l’Afrique du Sud sont les pays africains qui ont le plus investi dans la Recherche et Développement (R&D). En 2010, ils avaient dépensé plus d’1% du PIB dans la R&D, contre 0,20% à 0,48% sur le reste du continent.

 

Le Malawi est doté de plusieurs instituts de recherche, dont la majorité est dédié à la santé, a l’instar du Wellcome Trust, qui finance des programmes sur Ebola, sur le paludisme ou le VIH Sida. A noter aussi l’existence d’instituts de recherche agricole. En Ouganda, où les dépenses en R&D ont triplé entre 2005 et 2010, l’accent est mis sur la technologie industrielle. L’Etat, qui a obtenu un financement de 30 millions de dollars de la Banque mondial pour l’enseignement supérieur, soutient la recherche et l’innovation liées au processus de production, en particulier dans le développement agricole et l’agro-alimentaire. L’Uganda Industrial Research Institute (UIRI) est l’un des établissements de référence en la matière. Centre d’excellence en R&D à vocation sous-régionale, il a établi des coopérations scientifiques avec le Danemark, la Thaïlande, l’Afrique du Sud et l’Inde, et accompagne une trentaine de PME innovantes, parmi lesquelles des usines de transformation d’arachide et de viande, des unités de production d’emballage, de conception et de fabrication de produits dérivés du bois.

 

L’Afrique du Sud dispose du plus fort capital humain disponible pour les activités de R&D, avec une densité de chercheurs de 825 par million d’habitants. Sur le nombre, 40% sont des femmes. Vient ensuite le Sénégal, avec 635 chercheurs/million d’habitants. Ces deux pays ont aussi les pourcentages les plus élevés de titulaires de doctorats (PhD) parmi leur personnel R&D.

 

 

L’Afrique, source de talents

 

La force et la richesse du continent africain sont indéniablement son capital humain. Avec 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique recèle de phénoménales capacités cognitives. Et la conjugaison de ces talents produit des résultats spectaculaires. A l’instar de cette imprimante 3D, conçue à partir de matériaux informatiques recyclés, qui a été élaborée dans un Fab Lab, à Lomé, au Togo. L’invention Made in Africa, fabriquée dans un espace d’innovation partagée, a été financée via une plateforme de crowdfunding. Et a figuré au palmarès du hackathon de la NASA, l’International Space Apps Challenge 2013.

 

D’autres espaces de coworking fonctionnent sur ce même modèle collaboratif. Parmi eux, l’incubateur d’entreprises CTIC à Dakar et le pôle d'innovation EtriLabs au Bénin. En Ethiopie, c’est tout un pays qui s’est rassemblé pour financer le barrage de la Renaissance, un gigantesque ouvrage construit sur le Nil Bleu. Shoki Ali Said, Ethiopien de la diaspora, témoigne : « L’infrastructure est entièrement financée par le gouvernement et le peuple éthiopien. A terme, le barrage subviendra non seulement aux besoins en électricité de l’Ethiopie, mais il fournira aussi de l’énergie au Kenya, au Soudan et à Djibouti ».  

 

Toujours en Ethiopie, une économiste est à l’origine de la création, en 2008, de l'Ethiopian Commodity Exchange (ECX), la première Bourse d'échanges de produits agricoles du pays. Quatre ans plus tard, ECX échangeait 600 000 tonnes de marchandises pour un montant total de 1,4 milliards de dollars. Et permettait à plus de deux millions de producteurs de café, de haricots et de graines de sésame d’améliorer leur marge tout en multipliant les volumes échangés. A présent, les produits agricoles s’exportent au Pakistan, en Inde, en Russie et aux Emirats arabes unis, en plus de l’Asie du Sud et de l’Amérique latine.

 

D’autres pays africains capitalisent sur l’expertise d’Eleni LLC pour lancer leur propre Bourse d’échange, tel le Cameroun et le Ghana. Aboubacar Sidy Sonko a pour sa part développé, au Sénégal, Mlouma, une Bourse en ligne disponible via SMS, Internet et Call Center, qui fournit des informations en temps réel sur le marché agricole. Dans le registre de l’informatique et des télécommunications, les projets foisonnent en Afrique. Au Kenya, le paiement par mobile a révolutionné les échanges monétaires. Exit la monnaie fiduciaire et les comptes bancaires, le règlement des achats et des factures s’effectue via un e-Compte disponible sur une carte SIM de téléphone portable.

 

 

Cercle vertueux

 

Mais l’innovation n’est pas circonscrite aux Technologies de l’information et de la communication. Elle est transversale à tous les domaines, notamment aux sciences de la vie, où la recherche contribue à relever le défi de la sécurité alimentaire. Pour accroître la productivité agricole et optimiser les ressources halieutiques, l’investissement dans le savoir scientifique augmente, tout comme la valorisation de certaines filières, telle l’aquaculture industrielle en Angola ou la culture du maïs dans les zones soudaniennes. Le Prix international Unesco-Guinée équatoriale concourt au soutien des travaux des chercheurs dans la discipline. En 2012, il a été décerné au botaniste sud-africain Felix Dapare Dakora. Cette année, le lauréat est Burkinabè. Expert en chimie des sols et en gestion des ressources naturelles, André Bationo a contribué à l’augmentation de la productivité agricole en Afrique. Déjà, le chercheur avait reçu le prix scientifique Kwamé Nkrumah 2013 de l’Union africaine. « Mes recherches ont portées sur la valorisation des phosphates naturels en Afrique. La technologie que j’ai développée est actuellement adoptée par des milliers de paysans de la zone sahélienne et a permis de doubler les rendements », explique le chercheur qui a notamment travaillé à l’Institut international de recherches sur les cultures des zones semi-arides (ICRISAT) au Niger et au Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) au Kenya.

 

Un autre secteur porteur : les énergies renouvelables. Abdoulaye Kanté, Directeur de l’Agence de développement des entreprises en Afrique (ADEA), développe un projet de Technoparc dédié aux technologies solaires à Bamako, au Mali. Africa Sun Valley devrait voir le jour en 2015. « Le pôle de compétitivité réunira des activités de recherche, de formation, d’innovation et de production. Il va pourvoir aux besoins énergétiques du pays et soutenir la croissance économique », fait remarquer le dirigeant d’ADEA. Au Rwanda aussi, on capitalise sur le solaire. Henri Nyakarundi propose une solution énergétique d’un nouveau genre : une unité mobile de recharge de téléphones portables fonctionnant à l’énergie solaire. « Elle est spécialement conçue pour les Rwandais vivant dans des zones qui ne sont pas connectées au réseau électrique national », précise l’inventeur de cette solution innovante qui pourrait bien faire des émules. L’éclairage public en Sierra Léone pourrait tout autant inspirer les pays énergivores. Car il fonctionne aussi au solaire. « Depuis sept à huit ans, le centre ville de Freetown est éclairé par des lampadaires solaires, et le même procédé est utilisé au Cameroun », explique Thierry de Cottignies, à l’origine de l’installation, avec le constructeur Bouygues, des batteries qui fournissent de l’énergie solaire dans la capitale sierra léonaise.

 

Renforcer les capacités des ressources humaines en investissant massivement dans les sciences de l’ingénieur, c’est ce sur quoi ont parié les pays producteurs d’hydrocarbures et détenteurs de ressources minières. « L’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Algérie, le Nigeria, le Kenya et la Tanzanie ont développé des capacités locales dans les sciences de l’ingénieur, en particulier l’ingénierie métallurgique et minière, la chimie et le génie chimique, ainsi que la physique - y compris la physique nucléaire et l’astrophysique. Avec en plus des poches d’expertise en croissance dans les domaines de l’électronique, des mathématiques et de l’informatique », indique le NEPAD.

 

L’Algérie, 2ème PNB per capita d’Afrique, attire les étudiants du continent. « Des bourses doctorales sont octroyées à des étudiants de plus de 20 pays africains, ainsi que des dotations aux gouvernements africains, parmi lesquels Madagascar, le Congo, le Mali, le Niger… », souligne un diplomate algérien. En matière de formation de compétences dans le secteur des hydrocarbures, l’université M’Hamed Bougara de Boumerdés est la référence. On y vient du Gabon et d’ailleurs pour se former et effectuer des recherches en génie physique, en pétrochimie ou dans d’autres disciplines. Au Nigeria et au Ghana, on assure aussi la formation des cadres techniques dans le domaine de la géologie, du forage, de la production… L'Association des producteurs de pétrole africains (APPA) a pour sa part créé, en Egypte, l’Institut africain du pétrole, lequel a démarré ses activités en juillet.

 

Le cimentier Lafarge, qui a investi 750 millions d’euros en 5 ans en Algérie, a ouvert un laboratoire de développement de la construction. La plateforme technologique a vocation à améliorer les modes constructifs dans le pays et à former localement des experts. « Le laboratoire d’Alger se veut être un acteur majeur du travail collaboratif avec le réseau académique. Il nous permettra de mieux participer aux efforts communs de Recherche & Développement dans le domaine de la construction », indique le Groupe français. 

 

Bolloré Africa affiche les mêmes objectifs. « Aujourd’hui, la très grande majorité de nos cadres sont Africains. Ils bénéficient de formations tout au long de leurs carrières, notamment au management. A ce titre, tous nos présidents de conseils d’administration sur le continent sont Africains, comme c’est le cas à Camrail (Cameroun), à Sitarail (Côte d’Ivoire / Burkina Faso), mais aussi au Togo, en RDC, au Ghana, au Nigéria, au Kenya… ».

 

Chez Orange aussi, on investit dans la formation sur le continent.

 

« En Afrique, on a l’enjeu de développement des compétences. La formation managériale s’effectue sur le site international Orange Campus, situé au cœur de la technopole de Dakar  », atteste François Jacob, Responsable développement des compétences international chez Orange.

 

Le continent transforme son économie en s’orientant vers des activités plus productives, qui requièrent davantage d’emplois qualifiés. En Tunisie, des activités industrielles à forte valeur ajoutée ont été développées, via des technopoles. Ces pôles de compétences combinent formation, innovation, transfert de technologie et production dans toutes les filières : mécanique et électronique, textile et habillement, biotechnologies, agroalimentaire, TIC, chimie verte… Au Gabon, c’est sur la filière bois que se concentrent les efforts pour créer de la valeur ajoutée. « Pour créer de l’emploi au Gabon et accroître les richesses du pays, l’exportation de bois brut a été interdite par les autorités. Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, en 2010, les opérateurs étrangers ont investi dans des usines de transformation des grumes. Et des entreprises se sont spécialisées dans le déroulage de contreplaqué et le placage », expliquait, en marge d’un forum, Fidèle Mengue Me Engouang, ex ministre gabonais des Petites et moyennes entreprises, de l'artisanat et du commerce.

 

Un exemple parmi tant d’autres des transformations qui opèrent sur le continent, avec la montée en puissance de l’industrie de pointe, la création de pôles technologiques et le développement de la recherche, qui font de l’innovation le moteur de la croissance économique et du développement de l’Afrique. 

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