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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 19:53


Engrenage compétitif



Les industries mécaniques, électriques et électroniques –IME- sont l’un des trois piliers de l’industrie tunisienne. Depuis 1995, leur taux à l’export va s’amplifiant et au cours des cinq dernières années, leur croissance s’est accrue de 20 % par an. En 2007, les IME représentaient plus de 30 % des exportations industrielles. Et l’objectif est d’atteindre 46 % à l’horizon 2016.

 

 

 

def_image1.jpgLe secteur des IME en Tunisie se porte bien. Le montant des investissements enregistrés au cours des deux premiers mois de l’année 2009 a en effet connu une évolution de 80,9 %, comparativement à la même période de l’année 2008. D’une valeur de 61,9 millions de dinars lors du précédent exercice, il atteint en janvier et février de cette année 112 millions de dinars. En cela, les investissements dans ce secteur sont conformes aux prévisions telles que définies par le ministère de l’industrie, de l’énergie et des PME.

Quelles sont les raisons qui permettent ainsi aux IME tunisiennes de maintenir leur activité à cette cadence, en pleine crise financière internationale ? Plusieurs réponses à cela. Les pays du Nord de la Méditerranée où sont localisés les principaux fournisseurs des pays sud perdent depuis 2008 des points de croissance du fait de la chute de la consommation privée en Europe (-0.1 % en 2009 dans la zone Euro et 0.3 % en 2010 selon la Commission européenne). « Pour les entreprises européennes, l’équation est délicate. Face à la diminution de la demande sur leurs marchés, elles doivent songer à trouver de nouveaux débouchés. Dans le même temps, la baisse attendue des profits et les difficultés rencontrées pour se financer empêchent des investissements importants vers l’exportation. Parallèlement, la prime aux prix bas accentue encore la pression sur les profits, et oblige les entreprises à gagner en compétitivité, et à rechercher les moyens de produire moins cher » analysait en mars dernier Anima Investment Network. La consommation et le PIB des pays de la rive sud méditerranéenne étant amenés à augmenter, cela incite les entreprises européennes à prospecter les marchés de ce côté-ci de la grande bleue, là où de nombreuses opportunités existent encore. Selon the Economist Intelligence Unit, il est ainsi prévu 3.6 % de croissance en 2009 en Tunisie et 4.3 % en 2010.

Tout ceci favorise conséquemment les IME tunisiennes, qui peuvent se prévaloir de capitaliser la maitrise du savoir-faire, l’optimisation des coûts de production et une bonne capacité d’innovation. Et, cerise sur le gâteau, qui peuvent compter sur un système bancaire plutôt épargné par la crise et qui est de ce fait en capacité de porter le développement des entreprises nationales et étrangères.

De plus, les infrastructures sont performantes, les moyens de transport fiables et la logistique efficace. Les écoles d’ingénieurs, les instituts supérieurs et les centres de formation professionnels parachèvent l’ensemble, permettant ainsi aux ressources humaines qualifiées de maitriser les processus complexes de fabrication.

 

Une large chaîne de valeurs pour les IME

Les industries des secteurs mécanique, électrique et électronique produisent des composants automobiles pour des équipementiers, des pièces pour le secteur aéronautique, l’électroménager et autres destinataires.

Fils, câbles, transformateurs, circuits imprimés, piles, puces électroniques ou batteries sont pour partie développés, fabriqués et assemblés en Tunisie, et largement réexportés vers les marchés européens.

S’agissant des seules IEEE -les industries électriques, électroniques et de l’électroménager- le secteur comptait 305 entreprises en 2006, dont 172 étaient totalement exportatrices.

 

2009, l’envol de l’aéronautique. Situé au carrefour des marchés africains et européens, le territoire tunisien offre de belles perspectives aux grands groupes internationaux et aux PME/PMI qui produisent des sous-ensembles destinés au fleuron de l’aéronautique.

Parmi ces prestigieuses firmes, l’avionneur français Airbus, via le groupe EADS- European Aeronautic Defence and Space Company, qui a signé en janvier 2009 un mémorandum d’entente avec le ministère du Développement et de la coopération internationale pour la création d’un parc aéronautique sur la zone industrielle d'El Mghira, dans le gouvernorat de Ben Arous. Celui-ci entrera en activité à la fin de 2009. Il comprendra un site destiné à la filiale d’Airbus, Aérolia, qui produira des structures d’avions. Une zone sera parallèlement dédiée aux sous-traitants industriels. « Un investissement de 30M€ sera mis en œuvre sur 5 ans pour construire cette unité industrielle de 10.000 m² employant à pleine capacité 700 employés » est-il indiqué. Ce projet fédèrera un réseau de partenaires et de sous-traitants industriels implantés à proximité même d’Aerolia. Cela aura pour effet de réduire les flux logistiques et de contribuer ainsi à une meilleure performance économique de l’ensemble industriel. Par extension, la croissance d’entreprises déjà bien actives sur le segment (l’Américain Eurocast fournisseur de Boeing, les Français Zodiac ou Vignal Artru industries pour la petite mécanique de haute précision…) s’en trouvera renforcée. En outre, 1.500 emplois dans les métiers de l’aéronautique seront générés.

  aerolia-5  pieces-de-haute-technologie-6

L’installation de ce grand opérateur a créé un appel d’air, et dans son sillage, se sont installées des entreprises tunisiennes et étrangères de sous-traitance aéronautique. Le groupe One Tech présidé par Moncef Sellami qui est leader sur le marché tunisien, et actif à l’international, fait partie du lot. Il opère dans les secteurs électriques, électroniques, et télécommunications, et vient récemment d’entrer au capital du groupe français de composants aéronautiques SLFG. Mecahers s’est quant à lui doté en 2008 d’un site de production au Sud de Tunis où sont assemblés des meubles électriques.

Pour accompagner ce développement fulgurant, a été créé en 2006 le GITAS, Groupement des industries aéronautiques et spatiales. Le but est de favoriser une chaîne logistique ou supply chain aéronautique tunisienne, qui permet l’émergence de fournisseurs locaux. Une vingtaine d’entreprises sont actuellement membres. Elles sont positionnées sur de nombreux secteurs : usinage et mécanique de précision, chaudronnerie et tôlerie, ingénierie, électronique, plasturgie, maintenance, câblage… A noter que ce groupement était présent en juin 2009 au salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. Une mission internationale, Aerospace Meetings Tunisie, a également été organisée à Tunis en septembre 2009.

 

Composants automobile, matériel électronique et électroménager. Dans le domaine de l’industrie off shore des composants automobiles, les sociétés tunisiennes "carburent" à l’export et affichent de belles performances. Parmi elles, Misfat, leader de la fabrication de filtres en Afrique du Nord, qui fournit les plus grands constructeurs automobiles européens et également ceux d’Asie et d’Afrique. En février 2009, cette entreprise tunisienne créée en 1979 a finalisé l’acquisition à 100 % de son partenaire français Solaufil. Et a annoncé, dans la foulée, des commandes annuelles de l'ordre de 5 millions d'Euros sur le marché français. Le groupe Speedy est l’un de ses principaux clients France avec 2,5 millions d’euros d’articles livrables à 60 % depuis la Tunisie.  

Sur la partie câblage automobile, la production tunisienne est de la même manière bien lancée. « La part dans la production du secteur électrique électronique est de 31%. Quant à celle de la branche électrique, elle est de 42%. La pays est  ainsi classé parmi les dix premiers fournisseurs de câbles de l’Union européenne » précisait en 2007 l’Agence de promotion de l’investissement extérieur FIPA. Parmi les clients européens, les Allemands qui sont bien représentés. A l’instar de KBE Elektrotechnik S.C.S., une filiale du groupe  éponyme spécialisé dans le développement et la production de câbles électriques. La société dont le siège est à Berlin a été fondée en 1995 dans la zone industrielle de Sousse. Elle affiche un chiffre d’affaire en 2008 de 45 millions d’euros et fournit les industries automobile et électroménager. 

La production de matériel électrique va également bon train. Philips opère sur ce marché via le Société tunisienne d’éclairage (STE) qu’il a racheté en 2000, laquelle a développé de nouveau métiers dans les bureaux d’études dédiés aux grands projets qui ont vu le jour, comme la Cité olympique de Radès, la Cité des Sciences de l’Ariana, ou du projet à venir de l’aéroport international de Sousse Enfidha.

 

Haute technicité sur le segment des IME. L’avenir du secteur des IME est prometteur. En matière de création d’emplois, le curseur est pointé à 45.000 sur la période 2007-2016. La vision stratégique s’articule autour de la sous-traitance de 77% des composants automobile et aéronautique d’un véhicule en Tunisie, d’ici à 2015. Et prévoit de diffuser plus massivement encore l’électronique embarquée de pointe, là où la croissance mondiale enregistre son taux le plus fort. Et sur lequel la Tunisie entend bien prendre ses marques, tout comme sur le secteur de la mécatronique.  

L’Agence de promotion de l’industrie (API) qui table sur le recrutement de 3 000 ingénieurs en 2016 précise par ailleurs que le développement de plate-formes logistiques et la promotion des activités de Recherche & Développement constitueront les nouveaux leviers de remontée des filières IME. Pour optimiser le secteur, une zone dédiée aux composants aéronautiques est programmée, au sein du pôle de compétitivité de Sousse qui comptabilisera  d’ici les sept prochaines années 150 entreprises pour 8.000 emplois créés.

Et pour développer l’environnement d’affaires, sont prévus des programmes de mise à niveau des entreprises existantes (qualité, coaching, introduction au second marché boursier, restructuration financière, appui à l’innovation et aux TIC…) et d’autres destinés à la création d’entreprises.

 

Ainsi structurée, l’industrie tunisienne -dont les IME figurent en bonne place- sera en pole position pour remporter le challenge de l’Euromed Valley. Ce dont il a du reste été question, le 25 juin 2009, lors du Forum de Carthage.

 

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 266 - Juin 2009

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