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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 07:55


Un examen de passage réussi

 

Au Maghreb, la croissance du marché des médicaments entraîne un fort développement du secteur local. Désormais, les fabricants européens doivent composer avec une production dont la hausse, quantitative et qualitative, s’avère impressionnante.

 

 

Le médicament… Une belle invention qui participe de cette nécessité vitale de soigner les pathologies et de sauver des vies humaines. Le Maghreb, qui a placé la santé publique au cœur de ses priorités, soutient de fait le développement de l’industrie pharmaceutique. Le Maghreb renforce ainsi son offensive sur ce marché, en approvisionnant de ce précieux sésame les officines et les unités de soins. Et s’efforce en outre d’en réduire l’importation, en organisant la production locale de médicaments. En tête, on retrouve le Maroc qui fabrique par multinationales interposées 1500 produits. Le Royaume est suivi par la Tunisi, avec plus de 1 400 produits générés et de l’l’Algérie, qui représente le plus gros marché avec plusieurs milliers de  produits enregistrés dont 30 %, en valeur, sont fabriqués au niveau local.

S’agissant des capacités d’approvisionnement du marché maghrébin, Rabat maîtrise l’ensemble de la filière, Tunis gère d’une main de maître son industrie du médicament et Alger produit du made in Algéria de qualité.   

 

Au Maroc, l’industrie pharmaceutique connaît un développement satisfaisant avec un niveau de performance reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Actuellement, 35 unités sont aux normes internationales, et produisent le stock médicamenteux permettant au Royaume d’assurer son autonomie. 80 % des besoins nationaux sont en effet couverts, les 20 % restants étant assurés par les importations en provenance principalement de pays européens. 10 % de la production nationale est par ailleurs exportée, essentiellement vers la France, et dans une moindre mesure vers Algérie, la Libye, ainsi que vers quelques autres pays du monde arabe, et de l’Union Européenne.

« Dans notre pays, la santé a fait un grand pas en avant au cours de ces dix dernières années. Ainsi, la généralisation de la vaccination a permis l'éradication d’un grand nombre de maladies (la polio, la diphtérie, le tétanos…). Nous n'avons  de la même manière plus d'épidémies. Ce sont des avancées extrêmement importantes » souligne Yasmina Baddou, ministre de la Santé du Royaume chérifien. Les classes thérapeutiques prépondérantes concernent les médicaments pour l’appareil digestif, le métabolisme, les anti-infectieux, ceux qui concernent le système nerveux central et l’appareil cardiovasculaire.

Pour optimiser la fabrication, le pays n’a pas hésité à développer son industrie de bout en bout de la chaîne de production. Avec tout d’abord des dispositifs de formation idoine dans les établissements d’enseignement supérieur : faculté de médecine et de pharmacie de l’université Hassan II Casablanca, filière biotechnologie de l’Université Al-Akhawayne Ifrane, laboratoire de Chimie bio-organique et macromoléculaire de l’université Marrakech… Le Maroc a ensuite axé sa stratégie sur la recherche et le développement en biotechnologies médicales et pharmaceutiques – avec, d’une part, des moyens significatifs alloués par le fond Sindibad dédié au financement des entreprises innovantes et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et, d’autre part, en se dotant  d’un pôle d'excellence en sciences de la vie. Enfin, le pays a aussi développé des installations et du matériel aux normes internationales et à encouragé l’investissement direct étranger. A ce jour, 27 sites industriels sont référencés. Parmi eux, citons notamment celui de Zenata-Casablanca où Maphar, filiale marocaine du Groupe français Sanofi-Aventis) a inauguré, l’été 2008, de nouvelles installations au sein de son usine.

 

La croissance tunisienne. En Tunisie, l’industrie pharmaceutique et parapharmaceutique est en forte croissance. Depuis une dizaine d’années, les autorités ont en effet mis en œuvre une série de mesures pour préserver cette activité et la faire monter en puissance. L’accès des populations au médicament a de prime abord été facilitée. La production locale, qui correspond à 47 % du marché, a été par ailleurs largement soutenue par l’Etat, qui a constitué des partenariats avec de grands groupes internationaux. Le leader sur le marché, avec 22 % de parts, est Siphat, une filiale de la Pharmacie Centrale De Tunisie. Ce dernier  est un établissement qui, sous la tutelle du ministère de la santé publique, détient le monopole des importations et ventile entre les officines et le secteur hospitalier. Cette orientation est allée de pair avec le développement de fortes compétences humaines, en misant sur le potentiel de diplômés. Le marché tunisien est à présent considéré comme porteur localement, et à l’extérieur de ses frontières, puisque investi comme technopole de relais pour des pays du Sud. Notons également que l’option « Tourisme médical » qui se développe depuis quelques années à destination d’une clientèle étrangère permet de soutenir cette industrie. Ttout cela vaut très certainement à Tunis d’avoir été élu, en mai 2008, à la vice-présidence du Conseil exécutif de l’OMS.

Il s’agit à présent, pour les décideurs de cette jeune économie, d’optimiser leur savoir-faire, en passant d’une logique de sous-traitance à une logique de cotraitance. Ce à quoi s’emploie le pays avec l’édification du Technopole Sidi Thabet : une interface entre industriels et académiciens sur le champ de la biotechnologie appliquée à la santé et aux industries pharmaceutiques. Créé en 2002 pour contribuer à la recherche et au développement, ce parc d’activité est dédié à la formation, l’innovation et la production. Son activité est en outre fortement axée sur la création d’entreprises à forte valeur ajoutée. Un Bioparc comprenant une zone bio-industrielle de 30 hectares est à cet effet mis à la disposition des investisseurs tunisiens et étrangers. 

 

Le marché algérien est le plus important de la région. Si l’approvisionnement est à ce jour principalement constitué par les importations (70 %), l’investissement national consenti sur la performance de la R&D ainsi que sur la formation du personnel devrait infléchir la tendance. La loi quinquennale d’orientation et de programmation sur la recherche scientifique et le développement technologique promulguée en avril 2008 prévoit en effet une réserve financière de 1,3 milliard de dollars, pour la période allant de 2008 à 2012. L’expansion du marché pharmaceutique devrait de surcroît connaître une forte augmentation, via le plan de développement 2005-2009 - auquel le gouvernement a consacré 2 milliards de dollars à la construction d’hôpitaux et de cliniques. Cela permettra d’accroître la production de médicaments - ce que les majors étrangères de l’industrie pharmaceutique ont déjà perçu. Selon un rapport publié le 13 août 2008 par l’institut britannique Markets and Research, les grandes marques renforcent leur positionnement sur le marché algérien des produits génériques, a l’instar de Sanofi-Aventis, qui projette de lancer une unité de production, ou de l’américaine Pfizer, qui s’est introduite sur le marché ou encore de la britannique GlaxoSmithKline. En retour, les autorités exigent des opérateurs nationaux ou étrangers qu’ils adoptent une forme juridique de droit algérien.

C’est d’ores et déjà le cas du groupe leader sur le segment de la production pharmaceutique nationale : Saidal, l’une des entreprises les plus performantes d’Algérie.

La société s’est lancée, de façon active, dans le partenariat avec les laboratoires étrangers et locaux : Pfizer, SANOFI Aventis, Groupement Pharmaceutique Européen, Spimaco (Arabie Saoudite), JPM (Jordanie), Acdima (ligue Arabe), Dar Al Dawa (Jordanie) et Solupharm (Algérie). S’agissant de l’activité de Saidal, sa mission principale consiste à produire et à commercialiser des produits pharmaceutiques à usage humain et vétérinaire. Pour cela, la société s’est dotée d’un centre de R&D chargé principalement de la conception et du développement des médicaments génériques, des produits pharmaceutiques, des extraits végétaux et des prestations d’analyse. Elle emploie 4 300 personnes et a réalisé un chiffre d’affaire de 8 milliards de dinars en 2007 - dont 22 millions de dinars à l’export, en majorité vers le Sénégal, la Libye, le Burkina-Faso, le Congo, le Tchad et le Yémen, en sus du Niger, son plus important client. Le plan à court terme du groupe est de produire, d’ici à 2009, 100 médicaments qui coûteront 400 % moins chers que ceux importés. La société souhaite aussi approvisionner 80% des parts du marché algérien (Le Maghreb, 11 août 2008).

 

 

Interview de Rachid Zaouani, du Groupe Saidal

 

Rachid Zaouani, vous dirigez Saidal depuis mai 2008. Quelles sont les étapes marquantes de la société ?

« Notre société est issue de la restructuration, en 1982, de la Pharmacie centrale algérienne. Il s’agissait alors de la plus ancienne unité d’Afrique, puisque créée en 1948, et du premier opérateur au monde à fabriquer, dès 1970, des médicaments génériques. La branche production est alors érigée en Entreprise nationale de production pharmaceutique.

En 1985, naît Saidal.. Quatre ans plus tard, l’entité se transformait avec la création du Groupe Saidal, entreprise publique économique dotée de l'autonomie de gestion qui a alors acquis le statut de société par actions. C’est ce qui lui a permis de se lancer dans le partenariat avec les grandes firmes internationales. En 1998, la société s’est transformée en groupe industriel avec trois filiales : Pharmal, Antibiotical et Biotic. Aujourd’hui, le capital de la société est de 2,5 milliars de dinars.

 

Que représente Saidal sur le marché de l’industrie pharmaceutique en Algérie ?

« La part de marché de Saidal est estimée entre 26 et 30 %. Quelque 250 produits sont fabriqués. Environ 300 sont en prévision pour la fin d’année 2008, toutes classes thérapeutiques confondues - avec une prédominance d’antibiotiques et de des traitements contre le cholestérol et le diabète, via l’insuline. Nous nous adaptons à la demande pour produire des médicaments à forte valeur ajoutée. Depuis trois ans, nous en développons de nouveaux - avec notamment un projet d’anticancéreux dont les études ont été diligentées par notre centre de recherche et de développement. Ce dernier est constitué de 250 personnes, dont 200 chercheurs formés dans les universités algériennes et internationales. »

 

Quid de l’avenir de l’industrie pharmaceutique en Algérie ?

La production médicamenteuse va tripler dans les prochaines années, en raison du vieillissement de la population. Nous devons donc être prêts à approvisionner le marché en produits pour l’hypertension, le diabète, la ménopause. 

 

Quels sont vos objectifs ?

S’agissant de notre capacité de production, nous mettons tout en œuvre pour revaloriser la fabrication locale. Aujourd’hui, la facture d’importation de médicaments s’élève à 700 millions de dollars. Notre objectif est de capter 40 % de ce marché. Pour cela, nous avons ouvert quatre nouvelles unités et allons ainsi multiplier notre chiffre d’affaires par cinq. Nous nous développons aussi à l’international, avec un plan tracé pour les cinq prochaines années ainsi qu’un objectif de 20 millions de dollars de produits exportés pour Afrique. 

 

 

 

Vers une politique de santé commune aux pays du Maghreb

 

Pour agir de concert sur le front de la lutte contre la maladie, le Maghreb mutualise ses ressources. A commencer par l’Inter Ordre des Pharmaciens Maghrébins, créé en mars 2007. L’organisation comprend l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Son but est d’harmoniser et de rapprocher les systèmes et les programmes au niveau de la région. Une autre initiative commune est le Congrès international de génétique et biologie moléculaire & de biotechnologie. Ce dernier a été impulsé par l’Association maghrébine de biotechnologie, en partenariat avec la Société marocaine de génétique et biologie moléculaire.

Enfin, les ministres de la santé des pays de l’Union du Maghreb arabe se sont réunis en mai 2008 à Tunis. Au cours de ce dixième conseil ministériel, le secrétaire général de l’UMA, Habib Ben Yahia, a appelé à la coordination des politiques de santé. Les participants ont également jugé nécessaire de multiplier les partenariats entre les pays du Maghreb pour ce qui est de l'achat unifié de médicaments et de vaccins ainsi que pour leur contrôle.

 

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie – N° 258 – Octobre 2008

 

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