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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 07:09

 

Développement humain : solde négatif

 

 Paru dans New African – Septembre-Octobre 2011

 

Img2.jpgAu nombre des Objectifs du millénaire pour le développement que la communauté internationale est convenue d’atteindre d’ici à 2015, figurent la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre les maladies (dont le Sida et le paludisme), ainsi que la généralisation de l’éducation primaire. A quatre ans de cette échéance, ces défis sont-il en passe d’être relevés au Burkina Faso ? Enquête.

 

En dépit de l’aide au développement qu’apportent bailleurs de fonds et ONG par le biais de programmes d’appui et de financements de campagnes, au Burkina Faso, les maladies, la malnutrition et la déscolarisation sont en effet des maux encore trop répandus. Malgré les réformes engagées pour drainer des investissements étrangers qui permettraient d’accroître le développement économique du pays, et la multitude d’interventions dans le cadre de la coopération décentralisée et de missions humanitaires, la pauvreté a augmenté de 1,9% en 9 ans, passant de 44,5% en 1994, à 46,4% en 2003.

 

Accès à l’éducation

Taladidia Thiombiano, professeur d’économie à l’université Ouaga II, fait remarquer que le système scolaire burkinabé est inadapté, que les infrastructures sanitaires ne sont pas dans un état satisfaisant, et que les aléas climatiques sont à l’origine des pénuries alimentaires. Le retard qu’accuse le pays serait dû à une mauvaise répartition de la croissance, et au fait que les bailleurs de fonds n’élaboreraient pas une véritable stratégie nationale de développement. Les Canadiens, qui détiennent près de 60% des entreprises minières (principalement aurifères), appuient pourtant depuis près de vingt ans le secteur éducatif burkinabé. En 2010, un protocole d’entente portant sur 50 millions de dollars a été signé. Cela n’induit pourtant pas d’amélioration significative.

En 2007, moins du tiers de la population adulte était alphabétisée (29% des plus de 15 ans), un des taux les plus faibles du monde. Ces résultats s’expliquent par l’importance du décrochage scolaire. Moins de la moitié des élèves (43% en 2009) achève son cycle d’études primaires. Et ils ne sont que 21% de la classe d’âge à poursuivre en secondaire. Peu d’inscrits aussi dans l’enseignement supérieur, puisque seul 3% des Burkinabé y ont accès. C’est la recherche et le développement qui en pâtit. Ils ne sont que 46 chercheurs, en équivalent plein temps, par million d’habitants. Les conditions d’enseignement ne sont pas optimales. L’école élémentaire fonctionne, en moyenne, par groupe de 48 élèves ; dans le secondaire, ce taux diminue proportionnellement à celui du nombre d’inscrits, passant alors à 30 élèves.

Quant à l’alphabétisation des adultes, les infrastructures sont quasiment inexistantes et les méthodes d’enseignement – par exemple l’initiation assistée par ordinateur - sont en deçà des attentes, nonobstant les contributions des Pays-Bas, de la Suède et du Luxembourg. Au final, ce sont les compétences qui font défaut et le manque de ressources humaines qualifiées. Le déficit social est de même importance.

 

Un système de santé en souffrance

Côté santé, ce n’est pas la panacée. Loin s’en faut. « Un contexte économique difficile, marqué par la raréfaction des ressources, n'a pas permis d'atteindre tous les objectifs d'amélioration de la santé », convient le ministère de la Santé. A l’échelle nationale, on compte 12 hôpitaux régionaux et nationaux pour une population de 15,2 millions d’habitants, et un médecin pour plus de 22 500 habitants. En revanche, il y a 320 établissements privés. Mais ces prestations ne sont pas accessibles à tous. Pour pouvoir en bénéficier, il faut être immatriculé par son employeur. Dans un pays où le secteur informel est important, il y a forcément peu d’assurés sociaux. La Caisse nationale de sécurité sociale gérait au total 45 000 dossiers d’allocataires en 2008. Ce service, ainsi que la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) et l’Office de santé des travailleurs (OST), profitent à seulement 10% de la population burkinabè.

En l’absence d’un système de protection sociale généralisé à l’ensemble de la collectivité, le recours aux soins est un luxe. Les privilégiés qui peuvent s’offrir un suivi médical de qualité en paient le prix fort. Ils font appel aux sociétés privées qui prennent en charge l’organisation de leurs soins en France ou ailleurs. Quelques rares fois, les organisations humanitaires permettent de traiter des pathologies lourdes.

En 2008, le ratio de décès maternels était de 560/100 000 naissances en vie. En Belgique (l’un des premiers clients et fournisseurs du Burkina Faso), il est de 5/100 000, soit 100 fois moins. A Gorom-Gorom, dans la région du Sahel, non loin de la mine d’or d’Essakane (la plus grande du pays), le taux de mortalité maternelle est inquiétant. A Titao, autre région à fort potentiel minéral où une compagnie étrangère exploite également ces ressources, le bilan est aussi alarmant.  

Les enfants ne sont pas épargnés. Le quart des moins de 5 ans souffre de malnutrition. A Baskuy, un arrondissement de la commune de Ouagadougou qui a été sévèrement touché par des inondations en 2005 et en 2009, près de 16% de nouveau-nés sont en sous-poids. A Houndé, dans la région de culture du coton des Hauts-Bassins, ils sont 14% dans ce même cas. C’est là aussi que les taux de malnutrition des enfants de moins de 5 ans sont les plus élevés (3,8%). A Sindou, aux frontières du Mali et de Côte d’Ivoire, où les mêmes pathologies sont identifiées, il n’y a qu’un seul médecin et cinq infirmiers diplômés d’Etat pour une population à majorité rurale de près de 100 000 habitants, éclatée sur 75 villages. Rien d’étonnant alors que le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans soit de 166,4/1000 en 2009 dans le pays, contre 129,6 pour 1000 en Afrique subsaharienne.

L’indice de la tuberculose est également largement supérieur à celui d’autres pays. En 2009, 215 nouveaux cas pour 100 000 personnes ont été relevés. Le taux de prévalence du sida chez les 15-49 ans est de 1,2%. Plus de 4,5 millions de cas de paludisme sont recensés et la lèpre sévit toujours, dans des proportions, certes, infimes. Tout cela est forcément corrélé aux conditions de vie des populations. Dans l’espace public, la gestion de l’habitat et l’accès aux commodités de base demeure, en effet, problématique.   

 

Des conditions de vie à améliorer

Pourtant, de nombreux partenariats existent, notamment avec l’Allemagne et la France. Cette dernière (qui, sur le plan commercial est le deuxième fournisseur du Burkina Faso avec 99 milliards F.CFA de valeur exportée en 2008) a d’ailleurs contribué à hauteur de 55,6 millions d’euros d’aide publique bilatérale en 2009. Au titre de la coopération décentralisée, plus d’une centaine de collectivités de l’Hexagone communiquent à grand renfort de portails et de publications sur l’aide au Burkina Faso. Elles apporteraient ainsi leur expertise sur les segments de l’eau, de l’assainissement et du renforcement des services communaux. Les résultats ne sont pourtant pas probants.

« Le processus d’urbanisation est générateur d’énormes déficits sociaux. La croissance se caractérise par une augmentation de la population vivant en ville, ce qui a comme corollaires immédiats une insuffisance des infrastructures de base et un accès difficile aux services (santé, éducation, assainissement, transport, environnement, etc.), ainsi qu’un déficit croissant en logement », souligne-t-on au ministère de l’Habitat et de l’urbanisme, et on ajoute être mobilisé sur la question. Mais les capacités financières de l’Etat ne sont pas extensibles, et les problèmes inhérents à l’aménagement urbain - ou en zone rural - ne sont, pour l’heure, pas résolues.

A défaut d’un rythme soutenu de construction de logements, et faute de moyens pour résorber l’habitat précaire, c’est l’auto-construction qui prévaut, dans plus de 90% des cas. Les commodités d’usage – l’accès à l’eau et à l’électricité – ne sont pas garanties. Seulement 11% de la population avait du reste recours à des installations d’assainissement améliorées, en 2008. A la campagne, ce sont les constructions de type traditionnel en banco qui suppléent au bâti résistant aux intempéries. 

A l’échéance 2026, si de substantielles améliorations n’opèrent pas, ce sera pire. La population comptera 21,2 millions d’habitants, dont près de 3 millions à Ouagadougou et 1 million à Bobo-Dioulasso. « Ce processus d’urbanisation, s’il n’est pas maîtrisé en fonction des équilibres régionaux, peut afficher des bilans très négatifs sur le plan de l’organisation physique et de l’équité sociale », prévient le ministère de l’Habitat et de l’urbanisme.

 


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