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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 11:37

 

Vers des partenariats équitables et durables

 

Paru dans El-Djazaïr.Com

- Mai 2011 - 

 

Forum-Algerie_30-mai_HP_minisite.jpgLe Forum d’affaires Algérie-France, qui se déroulera du 29 mai au 31 mai à Alger, inaugure une nouvelle ère dans les relations économiques entre ces deux partenaires historiques.

 

UbiFrance et son bureau à Alger organisent, en coopération avec les autorités algériennes, une convention multisectorielle qui réunira une centaine de PME françaises et de nombreuses entreprises algériennes. L’objectif affiché de ce forum d’affaires est de « nouer des relations  de type gagnant-gagnant » et d’accroître les coopérations entre les deux pays. L’occasion est enfin donnée d’officialiser ces partenariats avec un événement d’envergure qui souligne l’importance d’échanges dont on attendait depuis longtemps la consécration.

Jusqu’alors, l’Hexagone avait été en effet peu prolixe pour évoquer les liens économiques et commerciaux qui l’unissaient à son partenaire historique. En l’absence de données sur le sujet, on en déduisait que la communication sur ces partenariats avaient été mise sous le boisseau. Et on s’interrogeait sur les raisons d’une telle discrétion quant à l’évocation de la présence de multinationales françaises et de nombreuses PME sur le marché algérien.

Mais la précaution oratoire n’avait que trop duré. Elle masquait une toute autre réalité de terrain et un nombre considérable d’opportunités de développement qu’il convenait de faire découvrir aux entreprises françaises. C’est certainement pour pallier le vide qu’a été organisé le Forum de partenariat Algérie-France. Et UbiFrance peut se targuer d’avoir magistralement abouti dans cette réalisation qui n’aurait pas été envisageable il y a seulement deux ans.  

On se souvient que la Loi de finances complémentaires (LFC) 2009 avait déclenché, en son temps, un mouvement de panique dans les milieux d’affaires, et en particulier à Marseille. Les dispositions prises par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour consolider la compétitivité de son économie avaient été critiquées par la France et par l’Union européenne, lesquelles voyaient d’un mauvais œil l’augmentation de la participation des sociétés nationales algériennes dans le capital de leurs entreprises. Ce à quoi l’Algérie avait répondu en réaffirmant sa légitime souveraineté dans ses prises de décisions sur son territoire, et son souhait tout aussi légitime de réduire les importations au profit du développement industriel local, en sécurisant les paiements via une lettre de crédit documentaire.

Ce mouvement d’humeur s’est pourtant rapidement dissipé à la faveur du dialogue engagé entre les deux parties, mais surtout du fait de l’attractivité du marché algérien. Tous les secteurs d’activités sont en tension et s’ouvrent aux partenariats public-privé au moment où le pays œuvre à sa transformation et modernise ses équipements, ses infrastructures et son économie. Son industrie en pleine expansion est soutenue par le programme présidentiel de développement quinquennal 2010-2014 qui est crédité d’une enveloppe financière de 21 214 milliards de dinars, soit l'équivalent de 286 milliards de dollars. De quoi mettre du baume au cœur aux entrepreneurs français qui, depuis 2009, doivent composer avec un marché intérieur en repli, malgré la reprise amorcée en 2010.  

En février 2011, le solde du commerce extérieur français a enregistré un déficit de 6,553 milliards d'euros. Les scores à l’export fléchissent vers l’Union européenne mais maintiennent néanmoins une légère progression, notamment grâce aux très importantes livraisons de blé à l’Algérie. S’agissant des autres partenariats en Afrique du Nord, ils sont impactés par les insurrections en Tunisie, en Libye et en Egypte. Il en est de même en Afrique subsaharienne où la France est confrontée à la puissante concurrence internationale. En cinquante ans, le montant de ses échanges commerciaux avec l’Afrique est passé de 40 % dans les années 1960 à seulement 2 % en 2010.  

Il y a vingt ans encore, l’Hexagone supplantait les USA, le Japon, l’Allemagne ou l’Italie, avec des parts de marché de l’ordre de 35 à 40 % notamment en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Cameroun, au Sénégal, au Mali ou au Congo. Mais la Chine lui a damé le pion. Premier partenaire commercial du continent africain en 2009, le colosse asiatique affichait plus de 100 milliards de dollars de stocks d’échanges en 2010. L’Inde est l’autre partenaire désormais incontournable sur le territoire africain avec le Brésil, la Turquie ou encore les USA. S’agissant des investissements, les fonds souverains des pays du Golf arabique, de Libye, et d’Asie sont à présent majoritaires sur le continent.

Démonstration est faite qu’il y a urgence pour la France à chercher de nouvelles opportunités de sous-traitance industrielle et de transfert technologique en Algérie, pays dont les prévisions de croissance telles qu’annoncées par le FMI pointent à 3,6 % en 2011, tandis que les siennes ne dépasseront pas 1,6 %.

   

L’Algérie, un partenaire de premier plan 

Sur l’échiquier du positionnement français à l’export, l’Algérie occupe en 2010 la dixième place, avec 6 765 exportateurs qui opèrent dans ce pays, juste après Hong Kong, la Nouvelle Calédonie et le Canada. Le montant des exportations vers le marché algérien est de 5 139 millions d’euros. C’est le sixième poste de destination des fournitures françaises après celles dédiées au Japon (5 973 millions euros), à la Turquie (6 313 millions euros) et à la Russie (6 384 millions euros). Paris achète une partie de ses hydrocarbures à Alger et fournit quantité de biens et de marchandises dans le domaine des travaux publics, de l’agriculture, de la santé, de l’agroalimentaire... Pourtant, la France doit consolider ses positions sur ce marché.

En 2010, les ventes de médicaments à l’Algérie ont marqué le pas. Celles des machines industrielles demeurent en retrait et perdent aussi du terrain en Egypte, ce qui occasionne une baisse sensible des livraisons en Afrique du Nord. Parallèlement, la facture énergétique s’alourdit du fait de l’augmentation du prix moyen annuel du pétrole et du gaz, et de la progression des importations de pétrole brut, notamment en provenance de la Libye, de la Russie et du Kazakhstan, trois pays qui pourvoient à la moitié des approvisionnements français.   

A quelques jours du Forum de partenariat Algérie-France, on saisit alors mieux les motivations des candidats à l’internationalisation des échanges avec ce géant d’Afrique dont le leadership sur la scène continentale et au sein de l’EuroMaghreb va crescendo.

« L’Algérie est un pays riche présentant d’énormes potentialités pour les firmes françaises. Nous avons l’ambition d’y rester le premier investisseur », déclarait d’ailleurs Laurence Parisot, présidente du Medef, lors de sa venue à Alger en novembre 2009. Le voile est ainsi levé sur les raisons qui conduisent les différentes délégations françaises à se relayer depuis plusieurs années pour rencontrer les instances algériennes. En favorisant les relations bilatérales, on renforce le développement des affaires de l’autre côté de la Méditerranée.

Pour l’heure, c’est Jean-Pierre Raffarin qui est chargé du suivi de la coopération économique entre l’Algérie et la France. Depuis novembre 2010, le sénateur français a été reçu par le Président Abdelaziz Bouteflika et par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Il a aussi rencontré le ministre de l’Industrie, de la Petite et Moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, ainsi que le ministre des Transports, Amar Tou.

De nombreux officiels français ont précédé l’actuel chef de file de la délégation française en Algérie. A commencer par Michèle Alliot-Marie, alors ministre d’Etat chargée des Affaires étrangères et européennes, qui est venue à trois reprises. Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, s’est également rendu en 2010 en Algérie, ainsi qu’Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur.

En 2009, une délégation de 70 chefs d’entreprises français - parmi lesquels le P.DG d’Unilever France, François Périgot, et le président de Vinci, Yves-Thibault de Silguy - a été reçue à Alger. Le patronat français a pu échanger avec le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) et avec le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI). A cette occasion, Laurence Parisot s’est entretenue avec le Premier ministre algérien, lequel a confirmé que « les relations économiques franco-algériennes n’ont cessé de se développer et sont créatrices de richesses pour les deux pays ».

En 2008, c’est Christine Lagarde, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Emploi qui a reçu à Paris Karim Djoudi, ministre des Finances. Cette invitation officielle en France a fait suite à la rencontre entre les deux ministres à Alger, à la faveur de la visite d’État en Algérie, du président Nicolas Sarkozy, à la fin de l’année 2007. Ce deuxième déplacement présidentiel a ouvert une nouvelle page des partenariats algéro-français, notamment dans les domaines du nucléaire civil, de la formation et du développement économique.

« L'Algérie est, à mes yeux, un pays-clé pour la France, en termes humains et culturels, en termes économiques et énergétiques, en termes enfin de sécurité et de paix autour du bassin méditerranéen », a déclaré à cette occasion le président français qui a signé une convention partenariale franco-algérienne sur la coopération culturelle, scientifique et technique. Cette convention fait suite à la déclaration d'Alger du 2 mars 2003 qui a permis d'instaurer un partenariat d'exception entre la France et l'Algérie et à facilité la création du Comité franco-algérien pour le partenariat et le développement, installé le 11 décembre 2006, après la signature par les ministres des finances des deux parties du Memorandum de partenariat économique et financier.

 T6-0703451025.jpg

  (Crédit photo Présidence de la république française)

 

Optimiser les chances de réussite

Pour augmenter les chances de réussite de ces opérations de coopération économique algéro-française, il est à présent attendu quelques inflexions à l’endroit du discours ainsi que pour ce qui est de la législation sur la circulation des personnes. En termes d’entrées et de séjours en France, un assouplissement des conditions d’obtention de visa est requis. Il facilitera le transfert d’expertise, ce qu’appellent de leurs vœux non seulement les entrepreneurs algériens, mais également leurs homologues français qui souhaitent ainsi optimiser et accélérer les capacités opérationnelles de leurs associés et collaborateurs via des formations et des visites sur site d’installations.

S’agissant de l’image de l’Algérie telle que véhiculée en France, il est escompté que les conseils aux voyageurs et les recommandations prudentielles adressés aux candidats au séjour en Algérie soient moins appuyés. La présentation pays gagnerait à être plus modulée, a fortiori au moment où UbiFrance, en la personne d’Alain Boutebel, directeur de la Mission économique Algérie, assure que « les entreprises françaises se déplacent normalement dans la capitale et dans une grande partie du pays ».

S’il est indéniable que la stabilité de l’Algérie a été très durement éprouvée durant la décennie 1990, force est de constater que la situation est aujourd’hui maitrisée et la sécurité assurée, nonobstant la persistance de quelques foyers d’instabilité qui ne sont pourtant plus de nature à mettre en péril les équilibres. Du reste, Alstom, Michelin, Suez, Lafarge, Total, Renault, Société générale, Macif, Accor et tant d’autres ne prendraient pas d’aussi grands risques en envoyant leurs équipes travailler en Algérie si le danger était récurrent.

A l’heure des grandes manœuvres diplomatiques et du transfert à une aussi grande échelle de capitaux et d’expertise, on escompte une plus grande détente encore entre les deux pays. Histoire que cela soit rapidement profitable aux peuples dont les destins sont aujourd’hui intrinsèquement mêlés et qui ne demandent qu’à composer en bonne intelligence plutôt que de se regarder en chiens de faïence, d’un bord l’autre de la Méditerranée.

 

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