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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 10:14

 

Une agriculture en plein essor

 

Paru dans African Business - Février-Mars 2011

 

Fevrier-2011-1404.jpg

 

Dans la perspective de subvenir à ses besoins alimentaires, l’Algérie a entrepris d’accroître sa production agricole ainsi que son industrie agroalimentaire. Déjà, les résultats de cette politique volontariste sont perceptibles.

 

Pays aride et semi-aride, l’Algérie n’en dispose pas moins de substantiels atouts pour développer son agriculture. Mais ces ressources naturelles n’ont pu être exploitées durant la tragédie nationale et ne l’étaient pas davantage au sortir de la colonisation. La paysannerie a, en effet, été doublement pénalisée au cours de son histoire récente. Elle a tout d’abord fait les frais d’une politique agricole coloniale qui a imposé les cultures d’exportation (céréales, vigne et vin…) au détriment des cultures vivrières et qui a, de surcroît, confisqué les terres arables, forçant la population à l’exode. Une fois l’indépendance recouvrée, la population rurale a été de nouveau contrainte au repli vers les villes pour fuir les attaques terroristes, durant les années de braise.

En somme, l’Algérie n’a eu que peu de répit pour planifier de manière pérenne une agriculture tournée vers ses besoins internes et pour en récolter les fruits. Ce n’est que depuis une paire d’années que s’amorce le renouveau agricole et rural, et que l’amélioration de la sécurité alimentaire est de nouveau envisageable.

Trop longtemps tributaire de l’importation pour achalander les étals et satisfaire les appétences des consommateurs, l’Etat algérien a décidé d’inverser radicalement la tendance. La réconciliation nationale enclenchée, le pays s’est attaqué tous azimuts à l’optimisation de ses potentialités agricoles. Parmi les trois objectifs majeurs du gouvernement, l’augmentation annuelle de 8 % de la croissance de ce secteur stratégique, structurant et vital de l’économie nationale figure au premier plan des orientations.

Pour atteindre ce résultat,  Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, a décidé du lancement de Contrats de performance sur la période 2009-2014 qui ont été dotés d’une enveloppe financière de 200 milliards dinars. A cela, s’est ajouté l’octroi d’un crédit sans intérêts (crédit «RFIG») aux exploitants et aux éleveurs. En outre, un environnement incitatif et sécurisant a été créé à travers la modernisation et l’adaptation du financement ainsi que des assurances spécifiques.

S’agissant du soutien à la production agricole, les filières dites de « large consommation » (céréales, lait cru, pomme de terre, oléiculture, viandes…) font l’objet d’un appui conséquent de la part des pouvoirs publics. Un système de régulation (Syrpalac) permet de sécuriser et de stabiliser l’offre de ces produits sur le marché. C’est le cas, par exemple, du stockage des récoltes. Dans la wilaya de Mascara, 12 000 quintaux de pommes de terre ont été stockées dans les conditions adéquates, en décembre 2010, dans le but de stabiliser les prix au niveau des marchés de détails.

Concernant la filière lait, elle se structure. L’incitation à l’importation de vaches laitières plutôt que de lait en poudre est de ce fait encouragée. Ainsi, le nombre des ruminants a-t-il considérablement augmenté depuis trois ans, passant de 1 200 têtes en 2008 à 15 000 en 2009, et à 24 000 en 2010. Il en est de même des bovins reproducteurs dont le taux est en progression, avec plus de 18 000 têtes lors des neuf  premiers mois de l’année 2010 contre 8 000 en 2009. Parallèlement, il est prévu, au niveau de l’Office national de l’aliment de bétail (ONAB), d’accroître la fabrication et le conditionnement d’aliments pour le cheptel ainsi que le nombre de points de vente à proximité des zones d’élevage.   

Parmi les autres mesures visant à l’intensification de la production agricole figure le soutien public des prix du matériel et de celui d’irrigation. L’instauration d’une subvention pour l’acquisition et la reproduction des semences et des plants (agrumes, pommiers, néfliers, pistachiers, abricotiers, noyers…) s’ajoute aux précédents dispositifs, tout comme le soutien de 20 % des prix d’achat des engrais. Il est à souligner que des aides spécifiques sont destinées aux exploitants ayant opté pour l’agriculture biologique. Elles concernent les travaux du sol et les intrants. L’appui de l’Etat concerne également le secteur de l’élevage, de l’apiculture ou encore l’oléiculture et la phoeniciculture. La mise à niveau et le développement de l’agro-industrie sont parallèlement diligentés.  

Toutes ces dispositions qui favorisent une relance pérenne de l’agriculture s’adossent sur le capital humain. Un investissement drastique a été consenti dans la recherche, la formation et la vulgarisation agricole. Cela se traduit concrètement par le renforcement des capacités matérielles et humaines de toutes les institutions et des organismes chargés de l’appui aux agriculteurs et aux opérateurs du secteur. Les aspirations des apiculteurs vont du reste dans ce sens. Ils réclament la création d’un laboratoire national de certification du miel et une aide à l’exportation. Ils escomptent aussi un encouragement de l’Etat à destination des entreprises spécialisées dans les produits de la filière apicole qui compte, à l’échelle du territoire, pas moins de 1,2 million de ruches produisant chacune en moyenne 6 et 8 kg par an de ce nectar.

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Renouveau agricole et rural

En sus de ces prérogatives, 10 200 projets à destination du développement rural sont définis dans plus de 2 000 localités. Ils ciblent prioritairement les zones où les conditions d’exploitation sont les plus difficiles pour les agriculteurs (montagnes, steppe, Sahara) et s’articulent autour de cinq programmes qui ont pour objectifs la protection des bassins versants, des espaces naturels et des aires protégées, la  gestion des patrimoines forestiers, la lutte contre la désertification ainsi que la mise en valeur des terres. Ils permettront d’améliorer les conditions de vie de 727 000 ménages (près de 4 471 000 habitants) et auront un impact sur la préservation et la valorisation de 8,2 millions d’hectares. 

Dans la wilaya de Tissemsilt, 555 unités d’élevages ovins, bovins, caprins et de ruches ont d’ores et déjà été réalisées, et des cycles de formation mis en place pour les bénéficiaires de ces projets. Pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation agricole, une retenue collinaire d’une capacité d’1 million de m3 a été aménagée. Les populations rurales jadis exilées vers des contrées plus sécurisées peuvent ainsi progressivement reprendre possession des lieux grâce à ces activités génératrices de revenus. Pour les y inciter, 6 000 logements ont été construits, depuis 2005, dans l’Ouarsenis et sont à présent habités. 6 000 autres seront prochainement livrés.

Des actions similaires sont menées dans la daïra de Aïn Kercha. Elles concernent la plantation  de vergers oléicoles, d’opuntias (figuiers de barbarie)  et de fourrages, en sus de l’installation d’unités d’élevage. Des opérations de brise-vents et de corrections  torrentielles sont également engagées, et un linéaire de pistes a été ouvert pour améliorer la mobilité des habitants des différentes mechtas et des hameaux.

La somme de toutes ces interventions a permis de corriger à la hausse le rendement agricole. Les résultats enregistrés ces deux dernières années sont encourageants. Alors qu’en 2008 la facture d’importation alimentaire pointait à 8 milliards $, elle est passée à 5,4 milliards $ en 2009, et sera de l’ordre de 5 à 5,2 milliards $ en 2010. Cette amélioration est due à l’augmentation significative de la production céréalière qui a atteint les 60 millions de quintaux en 2009, et qui permet - aujourd’hui - à l’Algérie d’être exportatrice de céréales, mais aussi de thon en conserve (83 tonnes) et d’escargots (289 tonnes en 2010).

Les exportations de peaux animales ont également fortement augmentées, avec 3 400 tonnes au cours des trois trimestres de 2010 contre seulement 56 tonnes l’année précédente, à même période. Les pays de destination de ce produit sont l'Italie, le Portugal, la Turquie et la  Syrie. Des œufs fécondés pour la reproduction des poulets ont été de leur côté exportés vers le Sénégal et le Cameroun, et 2 124 tonnes de poissons acheminés en Europe, en 2009, pour une valeur de 9,6 millions $. S’agissant de la production halieutique nationale, elle a pour sa part atteint 230 000 tonnes en 2009. 

Algerie-SITEV-Decembre-2010-070--38-_r1.jpgAu palmarès des produits locaux figure la datte, dont la production va crescendo. La campagne phoenicicole 2009/2010 confirme l’amorce d’une dynamique de croissance positive avec une production de 7,1 millions de quintaux, contre 6,5 durant la campagne écoulée. La filière compte plus de 80 000 phoeniciculteurs et génère 200 000 emplois permanents. En tous points du pays, les signes manifestes de cette reprise en main de l’agriculture sont bien perceptibles. En soutenant cet effort, le panier de la ménagère sera bientôt garni de tous ces produits du terroir dont la saveur contribue à l’excellente réputation de la gastronomie algérienne. Et le pari visant à parvenir à une meilleure sécurité alimentaire sera alors atteint.

 

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